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RD Congo : opérations de police musclées à Kinshasa pour empêcher la marche anti-Kabila

Les forces de l’ordre congolaises ont tiré des gaz lacrymogènes contre des opposants rassemblés dans des églises de Kinshasa, où des catholiques ont appelé à marcher contre le président Joseph Kabila. Deux hommes ont été abattus, selon HRW.
Après avoir dispersé des messes anti-Kabila à coup de gaz lacrymogènes dans des églises à Kinshasa, les forces de police congolaises menaient, dimanche 31 décembre, des opérations musclées dans ces lieux de culte, déterminées à empêcher toute marche contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila.

Dans la capitale, au moins une dizaine de personnes ont été blessées, selon un décompte de l’AFP. C’est le cas du père Jean Kongolo, vicaire de la paroisse saint-Dominique de Limete (centre) qui a été blessé au visage. Une autre femme d’une soixantaine d’années a également été blessée à la tête et présentait une entaille sur le front, indique la même source.

Toujours à Kinshasa, selon l’organisation Human Rights Watch (HRW), cité par Reuters, deux hommes ont été abattus par les forces de sécurité de la République démocratique du Congo (RDC). L’AFP évoque, quant à elle, un mort par balles au Kasaï, dans le centre, lors d’une marche similaire.

« Faire partir Kabila »

Alors que la capitale congolaise était quadrillée par les forces de sécurité, la police a également interpellé 12 enfants de chœur catholiques à la sortie d’une paroisse du centre de Kinshasa, alors qu’ils étaient à la tête d’une « marche pacifique » anti-Kabila, a constaté l’AFP. Les autres manifestants qui étaient avec eux sont retournés ensuite dans l’enceinte de la paroisse, entonnant des chants à la Vierge Marie pour « faire partir Kabila ».

Dans plusieurs paroisses, des opérations de police étaient en cours, selon des témoignages recueillis par l’AFP, étouffant ainsi toute tentative de manifestation. Des militaires de la « garde républicaine procèdent à un contrôle systématique des chrétiens à la paroisse Saint Luc », a déclaré à l’AFP Giscard, à la sortie d’une messe.

« Les gens sont placés en file indienne, les mains en l’air, ils sont fouillés avant de sortir de l’enceinte de la paroisse » par cette unité chargée de la protection du président de la République démocratique du Congo. « Une fois dans la rue, ils sont soumis à un deuxième contrôle fait par la police », a-t-il ajouté.

« Bibles, chapelets et crucifix à la main »

À Kinshasa, les catholiques du « comité laïc de coordination » ont invité les fidèles à marcher, bibles, chapelets et crucifix à la main, après la messe de ce dimanche matin.

Ils demandent au président Joseph Kabila de déclarer publiquement qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession. Ils souhaitent aussi un « calendrier électoral consensuel » à la place de l’actuel, qui prévoit des élections le 23 décembre 2018 pour remplacer le président Kabila, dont le dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016.

De son côté, Kinshasa a affirmé avoir été informé d’une « distribution d’armes » destinée à déstabiliser le régime et « créer une situation insurrectionnelle »

Devant l’église Saint-Michel dans le quartier populaire de Bandalungwa, une équipe de l’AFP a été menacée par un officier congolais. « Si vous ne videz pas les lieux, j’ordonne qu’on tire sur vous », a lancé cet officier. « Moi, je ne suis pas de la police, c’est l’armée. Presse ou pas, personne n’entrera. En plus, vous êtes avec un Blanc, une race qui nous crée des problèmes. Si vous résistez, on va tirer », a-t-il ajouté. La correspondante de RFI a été brièvement interpellée, a constaté l’AFP.

L’Église catholique a joué un rôle majeur dans l’ouverture démocratique pendant les dernières années de la dictature de Mobutu, renversé en 1997 par Laurent-Désiré Kabila, père de l’actuel président. Elle jouit d’une audience sur les questions politiques qui dépasse largement le cercle de ses fidèles (environ 40 % des quelque 70 millions de Congolais).

Vers un écrasement ou une radicalisation de la contestation ?

Le coup de force de l’armée et de la police contre les protestataires peut-il avoir des conséquences sur le mouvement anti-Kabila ? « S’il y a beaucoup de sang qui coulent dans les rues de Kinshasa, alors Kabila peut craindre une réaction nationale, un soulèvement même », estime Thierry Vircoulon, chercheur à l’Ifri interrogé par France 24.

Le spécialiste estime toutefois que la communauté internationale ne lâchera pas le président congolais facilement. « Ce qui aura un impact, c’est la capacité de la communauté catholique et de l’opposition à maintenir la contestation », affirme-t-il.

Et d’ajouter : « Pour l’heure, l’opposition n’est pas parvenue à mobiliser sur le long terme. Il est donc peu probable que la grogne s’étende dans le pays. Il faut savoir que les gens sont majoritairement pauvres et qu’ils ne peuvent pas accorder beaucoup de temps à la contestation. »

Avec AFP et Reuters

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