Le Premier ministre indien Narendra Modi a conclu dimanche un sommet du G20 qualifié de succès notamment par la Russie et le Brésil, qui accueillera la prochaine édition à Rio de Janeiro.
L’Inde, pays hôte cette année, a réussi à faire adopter une déclaration commune, qui dénonce le recours à la force à des fins de conquête territoriale, mais s’est abstenue de critiquer directement l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
Si Kiev avait affirmé dès samedi, par la voix d’un porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, que « le G20 n’a pas de quoi être fier », le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé pour sa part dimanche que « le sommet est sans aucun doute un succès ».
« Nous avons été capables de déjouer les tentatives de l’Occident pour +ukrainiser+ l’ordre du jour du sommet », s’est félicité lors d’une conférence de presse à New Delhi M. Lavrov, qui emmenait la délégation russe en l’absence du président Vladimir Poutine. « Le texte ne mentionne pas la Russie du tout. »
« La présidence indienne a vraiment réussi à unir les participants au G20 qui représentent le Sud global », a ajouté M. Lavrov, suggérant que le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine ont pu faire entendre leur voix.
« Besoin de paix »
D’après un message sur X (anciennement Twitter) du responsable indien Amitabh Kant, un des organisateurs clés du sommet, le texte de compromis sur l’Ukraine dans la déclaration finale a nécessité « plus de 200 heures de négociations non-stop, 300 réunions bilatérales (et) 15 projets » de texte.
M. Kant a souligné le rôle joué par le Brésil, entre autres, dans l’élaboration de ce compromis.
« Nous ne pouvons pas laisser les questions géopolitiques bloquer l’agenda des discussions du G20 », a fait valoir le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, lors de la dernière session du sommet qu’il a qualifié de « réussi ».
« Nous n’avons aucun intérêt à ce que le G20 soit divisé. Nous avons besoin de paix et de coopération au lieu de conflits », a-t-il ajouté.
M. Modi a transmis symboliquement dimanche à Lula le maillet de la présidence tournante du G20, l’assurant de son « soutien » et se disant certain qu’il saura faire « avancer nos objectifs communs ».
Le prochain sommet doit se tenir en novembre 2024 à Rio de Janeiro.
Au cours d’un entretien diffusé samedi soir sur la chaîne télévisée indienne Firstpost, Lula a assuré que M. Poutine recevrait une invitation, assurant qu’il n’y serait pas arrêté, en dépit d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) émis en mars, qui accuse le président russe de crimes de guerre pour la déportation d’enfants ukrainiens.
Le Kremlin dément ces accusations, jugeant « nul » le mandat d’arrêt, mais le Brésil, signataire du Statut de Rome de 1998, le traité international qui a entraîné la création de la CPI en 2002, devrait théoriquement l’arrêter s’il entrait sur son territoire.
« Je peux vous dire que si je suis président du Brésil et s’il vient au Brésil, il n’y a pas de raison qu’il soit arrêté », a assuré Lula.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté appelé dimanche, en fin de sommet, à ne pas « marginaliser » la Russie dans les pourparlers pour relancer l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire.
Il a par ailleurs eu dimanche une réunion bilatérale avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, scellant la fin d’une décennie de brouille entre les deux pays.
« Insuffisant » sur le climat
Au-delà de l’Ukraine, les pays du G20 sont aussi divisés sur l’avenir du pétrole.
Alors que l’année 2023 est en voie de devenir la plus chaude jamais connue par l’humanité, la déclaration finale a échoué à appeler à une sortie des énergies fossiles, même si elle soutient pour la première fois l’objectif de tripler les renouvelables d’ici 2030.
« C’est insuffisant », a reconnu le président français Emmanuel Macron, qui a « alerté tout le monde » sur la nécessité de fixer des objectifs plus ambitieux, notamment sur la sortie du pétrole.