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La Cédéao, une institution économique à forte teneur politique

À chaque conflit politique en Afrique de l'Ouest, les regards sont braqués sur la Cédéao.

 Pour tenter de gérer la crise au Niger, l’instance économique est montée au créneau en tentant de donner une priorité à la diplomatie tout en maintenant sa menace d’intervention militaire pour y « rétablir l’ordre constitutionnel ». Éclairage sur cette organisation plus politique qu’économique.

La Cédéao sous les projecteurs. L’organisation intergouvernementale, dont les dirigeants se réunissent jeudi 10 août pour évoquer la situation au Niger, est au centre de tous les regards à chaque crise politique en Afrique de l’Ouest. À l’origine, l’instance a pourtant été créée en 1975 pour promouvoir le développement économique de ses membres, mais elle s’implique surtout dans la gestion des conflits régionaux. Le 30 juillet, lors d’un précédent sommet à Abuja, elle avait donné un ultimatum d’une semaine aux militaires ayant pris le pouvoir à Niamey pour rétablir le président Mohamed Bazoum, sous peine d’une intervention armée pour ce faire.

La Cédéao, dont le siège est à Abuja, au Nigeria, compte 15 pays membres : huit francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Sénégal et Togo), cinq anglophones (Gambie, Ghana, Liberia, Nigeria et Sierra Leone) et deux lusophones (Cap-Vert et Guinée-Bissau). Parmi eux, quatre, tous francophones, sont suspendus et/ou sanctionnés après des coups d’État militaires : la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

L’organisation est dominée politiquement et économiquement par le Nigeria, géant rassemblant plus de 50 % de la population et plus de 60 % du PIB régional.

Une implication politique croissante 

Le Traité de Lagos, instituant la Cédéao, a été signé le 28 mai 1975 dans la capitale économique nigériane, dans le but de dépasser les innombrables clivages – économiques, politiques, monétaires et linguistiques – pour déboucher sur une intensification de la coopération et des échanges.

Mais la Cédéao sera amenée progressivement à revoir son ambition économique à la baisse. L’Éco, la monnaie unique que devaient adopter ses membres en 2020, est au point mort.

L’organisation s’implique en revanche directement dans les différends politiques, se dotant en 1993 d’un nouveau statut lui assignant formellement une responsabilité dans la prévention et le règlement des conflits régionaux.

En juin 2004, les chefs d’état-major ouest-africains approuvent la création d’une force de 6 500 hommes, dont un contingent d’intervention rapide de 1 500 soldats en cas de troubles. En novembre liber2005, un programme de formation de cinq ans est adopté pour permettre des opérations de maintien de la paix.

La Cédéao a joué un rôle politique de premier plan lors des guerres civiles au Liberia et en Sierra Leone, en mettant sur pied en 1990 l’Ecomog (force ouest-africaine de paix), une force de plusieurs milliers d’hommes. Elle a notamment réussi à ramener la paix au Liberia en 1997.

Elle est également intervenue en Guinée-Bissau lors de la rébellion armée de 1998-99 et après le coup d’État de 2012, en Côte d’Ivoire en 2003 après le déclenchement d’une rébellion, au Mali en 2013 pour aider Bamako à reprendre le contrôle du Nord tombé aux mains des jihadistes, ou encore en Gambie en 2017 quand le président sortant Yahya Jammeh, battu aux élections, refusait de quitter le pouvoir.

Alioune BEYE, afripresse.com

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