Le milliardaire et entrepreneur nigérian Aliko Dangote, 66 ans, a manifesté son intérêt pour l’acquisition du club de football français de Ligue 2 de Valenciennes. À la tête de l’un des plus grands conglomérats industriels d’Afrique, classé première fortune du continent africain depuis plusieurs années, France 24 tire son portrait.
Le site indique, par ailleurs, qu’Aliko Dangote ne se contenterait pas seulement de racheter le club des Hauts-de-France. Il ambitionne de le redresser financièrement et de lui donner les moyens nécessaires – tant au niveau des infrastructures que des recrutements – pour en faire l’un des acteurs majeurs du football européen.
Football : l’homme le plus riche d’Afrique va racheter Valenciennes https://t.co/e1FApRf0fc pic.twitter.com/CzxExZ4VRI
— Entreprendre (@Entreprendre) April 24, 2023
Le média économique indique que le milliardaire africain serait également proche de plusieurs anciens ministres tels Jean-Louis Borloo, un temps président du club de Valenciennes.
Le nom d’Aliko Dangote est d’ailleurs déjà connu dans le monde du football. Il avait déjà tenté d’acquérir le club anglais Arsenal, son club de cœur (actuellement propriété de l’Américain Stan Kroenke), notamment en 2010. Une ambition réitérée à la fin des années 2010, et même en 2021. Sans succès, pour le moment.
Issu d’une famille de commerçants
Ses autres succès en revanche – ceux qui ont fait sa fortune –, sont ses affaires, notamment dans le ciment, qui constitue le cœur de son empire, mais aussi dans l’agroalimentaire (sucre, farine, riz, tomate…), et, plus récemment, le pétrole et l’engrais.
Né en 1957 à Kano, la deuxième ville du Nigeria (située dans le nord-est), Aliko Dangote est Haoussa, l’un des plus importants groupes ethnolinguistiques du pays concentré essentiellement dans le nord. Il semble par ailleurs prédestiné à faire carrière – et réussir – dans le monde des affaires, lui qui descend d’une famille aisée de commerçants.
Cette dernière l’aide pour lancer sa première affaire à Kano, en 1977. Il est alors âgé de vingt ans. « Son richissime grand-père maternel (Sanusi Dantata) et son oncle lui donnent son premier coup de pouce, avec un prêt à rembourser sur deux ans et un don de 500 000 nairas de l’époque (l’équivalent de 980 euros aujourd’hui). On raconte également qu’on lui a donné, en plus, trois camions de ciment pour commencer comme distributeur », explique Emmanuel Igah, politologue franco-nigerian et directeur de Phobos international, un cabinet de conseil spécialisé en géopolitique et développement international. Le sens des affaires d’Aliko Dangote fait le reste.
Aujourd’hui, après le succès de sa première entreprise de cimenterie et l’élargissement vers d’autres secteurs d’activités, son conglomérat est l’un des plus importants du continent africain. Son siège social est situé à Lagos. « Il est un peu partout. Il s’est étendu, et il s’étend tous les jours, pratiquement, dans différentes activités dans les pays africains, parfois les plus lointains », explique Emmanuel Igah. Selon Forbes, son entreprise de ciment « Dangote Cement » est le plus grand producteur de toute l’Afrique.
L’homme d’affaires a choisi d’investir dans son pays, mais aussi sur le continent africain. « Il s’est targué d’être panafricaniste. Il est tourné vers son pays d’abord, mais progressivement vers l’Afrique. Il les privilégie », ajoute le responsable.
Il tente par ailleurs d’entretenir de bonnes relations avec le monde politique dans son pays. « L’un des points forts de Dangote, c’est de savoir comment naviguer dans le monde commercial et industriel au Nigeria, de sorte à n’avoir aucun problème avec aucun pouvoir. Il mène ses affaires de sorte qu’on ne puisse pas l’épingler de quelque acte de corruption ou de vol d’argent public. C’est un des secrets de sa réussite. Ça ne veut pas dire qu’il est un ange, mais objectivement, il n’a jamais été mis en cause par la justice nigériane, sauf pour des litiges commerciaux qui se sont vite réglés. »
Un homme « extrêmement discret »
Le personnage est aussi un homme « extrêmement discret (…) il est rare de le voir apparaître lors de réceptions ou de fêtes publiques. Il est aussi humble et accessible. Si vous allez à Kano, ou au siège de son entreprise à Lagos, si vous avez une bonne raison de le voir, il vous ouvrira ses portes », indique Emmanuel Igah. Ce dernier ajoute qu’Aliko Dangote est « très riche », et « il sait que les gens savent qu’il l’est. Donc il n’a pas besoin de le montrer davantage. Il n’affiche pas son opulence ».
Philanthrope, Aliko Dangote a lancé sa propre fondation au début des années 1990. Sur son site internet, celle-ci indique travailler activement sur les questions de santé, d’éducation, d’autonomisation des individus et d’aide humanitaire au Nigeria mais aussi à l’échelle de l’Afrique.
Toujours selon le site internet de la fondation, Aliko Dangote est également membre du conseil d’administration du groupe co-fondé par le chanteur de U2, Bono, « ONE » – luttant contre l’extrême pauvreté – et collabore avec la Fondation Bill et Belinda Gates, qui lutte contre la poliomyélite.