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AFRIQUE ÉCONOMIE : À Dakar, le paiement mobile facilite les transactions et améliore les revenus des taxis

Au Sénégal, les chauffeurs de taxi sont de plus en plus nombreux à proposer le paiement mobile, le « mobile money ». Une étude à grande échelle du MIT en partenariat avec Wave s’est penchée sur les effets de cette révolution financière pour les conducteurs et propriétaires de taxi.

Un QR code de l'opérateur Wave est accroché au rétroviseur d'un taxi à Dakar le 19 janvier 2023.
Un QR code de l’opérateur Wave est accroché au rétroviseur d’un taxi à Dakar le 19 janvier 2023. AFP – SEYLLOU

C’est le nouvel accessoire incontournable dans les taxis jaunes de Dakar : un QR code à scanner, suspendu au rétroviseur de la voiture. Une grande partie des 20 000 taxis de la ville proposent désormais le paiement mobile avec les principales applications, Wave et Orange Money. Mouhamadou Bamba Ndiaye est chauffeur depuis 2007. Pour lui, le paiement mobile facilite les transactions avec ses clients. « Tu lui donnes ton téléphone, il scanne et c’est fini, il part. Mais si tu n’as pas de monnaie, tu descends et tu cherches la monnaie, tu prends beaucoup de temps. Pour gagner du temps, on utilise Wave ou Orange Money ».

Pendant neuf mois, Deivy Houeix, chercheur en économie au MIT, a mené une étude d’impact sur les paiements digitaux par l’application Wave Business avec plus de 2 000 chauffeurs et propriétaires de taxi. Il a d’abord quantifié les effets des problèmes de monnaie. « On a estimé que les chauffeurs perdent en moyenne environ 5% de leurs profits journaliers à cause des problèmes de monnaie. Donc ça peut aussi bien être se faire voler le cash, mais c’est aussi aller chercher la petite monnaie, devoir diminuer les prix à cause de la monnaie, perdre des clients à cause de la monnaie ».

Rentabilité 

À la fin des neuf mois d’expérience, les chauffeurs de taxi de la capitale ont augmenté leur bénéfice, en particulier les plus pauvres. Autre évolution dans le secteur, la traçabilité. Environ deux tiers des propriétaires de taxis partagent ou prêtent leur véhicule à un autre chauffeur contre une rémunération. L’utilisation de l’application a permis à certains de partager les informations sur leurs rentrées d’argent avec le propriétaire.

« On voit que certains propriétaires utilisent cette visibilité comme une manière de surveiller, mais peut-être positivement leurs chauffeurs. C’est-à-dire que le chauffeur peut montrer qu’il travaille. Il y avait des problèmes d’information dans ce secteur, précise Deivy Houeix. Les chauffeurs avaient parfois du mal à prouver à leur propriétaire, qu’ils travaillaient. Et donc le fait qu’ils ne collectaient pas assez d’argent n’était pas dû à leur travail, mais dû aux aléas du métier. »

La confiance s’est améliorée dans ces petites entreprises de taxis et les propriétaires ont eu plus tendance à salarier leurs chauffeurs. Il reste quelques blocages pour que l’adhésion soit totale, d’abord l’accès aux smartphones, mais également le coût des paiements mobiles, 1% pour les chauffeurs avec les applications « business ». Mouhamadou choisit parfois les paiements en liquide pour éviter les frais. « Le problème principal, ce sont les frais. Les clients refusent de les payer eux-mêmes donc c’est à nous de les déduire de nos courses. Il faudrait que Wave revoie cela. »

Le mobile money est en plein boom en Afrique subsaharienne. Au Sénégal, plus de deux tiers des habitants utilisent désormais ce mode de paiement.

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