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Le cinéaste Mahamat Saleh Haroun a quitté ses fonctions au ministère de la Culture du Tchad. Le ministre a démissionné pour des raisons personnelles, après avoir occupé le poste durant un an.
Le cinéaste Mahamat Saleh Haroun, premier Tchadien à avoir été primé au festival de Cannes, avec « L’Homme qui crie », Prix du jury en 2010, n’est plus ministre de la Culture au Tchad, un poste qu’il occupait depuis un an tout juste. « Je n’ai ni été démis de mes fonctions de ministre de la Culture du Tchad, ni limogé. J’ai démissionné pour raisons personnelles », s’explique le cinéaste, qui a aussi été membre du jury de Cannes en 2011.
Jeudi 8 février, un décret du chef de l’État a annoncé son départ, avant que le réalisateur ne confirme l’information par un communiqué.
Selon des sources gouvernementales, le désormais ex-ministre était mal à l’aise au sein de l’appareil gouvernemental depuis un moment. Jeudi en conseil des ministres, il avait clairement indiqué qu’il était contre les mesures de rétorsion envisagées par le gouvernement envers les travailleurs en grève. « Cela me pose un problème moral », avait-il lancé.
Il avait aussi déclaré dans le magazine Jeune Afrique, au début du mois : « Je ne suis pas devenu ministre pour laver la mémoire du Tchad ».
En 2016, Mahamat Saleh Haroun avait signé un documentaire choc, « Hissène Habré, une tragédie tchadienne », dans lequel il donne la parole à plusieurs victimes et témoins de la répression du régime de l’ex-président tchadien, condamné à la prison à perpétuité en 2016 pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre durant son mandat de 1982 à 1990.
Fin janvier, son dernier long-métrage est sorti dans les salles obscures françaises. « Une saison en France » raconte le parcours d’un professeur fuyant la guerre en Centrafrique et cherchant à s’installer en France.
Durant son mandat, le cinéaste a doté la bibliothèque nationale de 3 000 livres et créé le grand prix littéraire du Tchad. Il voulait également fonder une école de cinéma à N’Djamena, mais reconnaissait déjà, en juillet dernier dans Le Point, devoir revoir ses ambitions à la baisse.