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Le lancement du Groupe d’Action Rapide Surveillance et Intervention (GAR-SI) Sahel repositionne le Sénégal

Le lancement du Groupe d’Action Rapide Surveillance et Intervention (GAR-SI) Sahel repositionne le Sénégal, qu’une main invisible a écarté du G5. Cette remontée en surface intervient au lendemain de la visite de Emmanuel Macron à Dakar. Le chef de l’Etat français, soucieux d’expérimenter en Afrique la nouvelle stratégie de défense de l’Union européenne, a manœuvré en tapinois pour mettre le pays de la Teranga sur orbite, en commençant par jouer un rôle décisif pour la stabilisation des relations entre Macky Sall et Abdel Aziz de la Mauritanie.

Lutte contre le terrorisme au Sahel : comment la France a imposé le Sénégal au cœur des opérations

 
Comme annoncé en exclusivité par Dakaractu le 6 janvier passé, le projet Groupe d’Action Rapide Surveillance et Intervention (GAR-SI) Sahel a été lancé hier à Dakar. Cela, grâce à un financement de 28 milliards F Cfa du Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne (UE). De ce montant, le Sénégal hérite de 4,2 milliards de F Cfa. Les pays du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Tchad) sont membres du Groupe. 

C’est dire que le Sénégal, qui ne faisait pas partie du G 5 auquel il apporté son soutien en tant que membre non-permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, revient par la grande porte, à travers le GAR-SI, pour être au cœur du dispositif anti-terroriste.  

Mieux, le GAR-SI, aux larges tentacules, est un projet conçu par un consortium d’institutions militaires et policières chargées du maintien de l’ordre dans leurs pays respectifs comme la Gendarmerie nationale française, la Guardia civil espagnole, les Carabiniers d’Italie et la Garde nationale républicaine portugaise. L’implication de toutes ces nations dans la conception explique en quoi le projet GAR-SI Sahel dévoile la nouvelle stratégie militaire de la France, dont le président avait théorisé en septembre 2017 une « Europe de la Défense » autonome vis-à-vis de l’OTAN. « En matière de Défense, notre objectif doit être la capacité d’action autonome de l’Europe, en complément de l’OTAN », avait déclaré Emmanuel Macron 

Nous devons à la vérité de rappeler que cette absence du pays de la Teranga du groupe précité a toujours été considérée dans les milieux militaires et diplomatiques comme relevant d’une incongruité. En effet, pour les missions de maintien de la paix, le Sénégal est le premier contributeur en hommes en Afrique de l’Ouest, le troisième en Afrique et le septième au monde. Il est aussi le principal pourvoyeur de la Minusma avec le redéploiement au Mali de ses troupes qui étaient en Côte d’Ivoire.   

Déjà en février 2017 à Bamako, à l’occasion du premier Sommet organisé pour la réactivation du G 5 Sahel, cette absence de l’Etat dirigé par Macky Sall avait induit un procès en suspicion légitime.  

C’est ainsi qu’en juillet 2017, le président Emmanuel Macron a échangé au téléphone avec son homologue sénégalais « pour aborder la situation sécuritaire au Sahel dans le cadre de la concertation permanente sur les enjeux régionaux et internationaux entre la France et le Sénégal ». C’était dans la continuité des discussions à huis-clos à l’Elysée, qui eurent lieu le 12 juin dernier, suivies, trois jours plus tard de la visite à Dakar du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian.  

La France a également manœuvré en coulisses pour le réchauffement des relations diplomatiques entre Dakar et Nouakchott.  Pas plus tard que jeudi passé, concomitamment à la visite de Macky Sall, le chef de l’Etat français a joint au téléphone Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie. Notre source informe que le chef de l’Etat mauritanien, qui a été invité à davantage stabiliser ses relations avec Macky Sall, était hostile à l’adhésion du Sénégal au G5 Sahel.  Abdel Aziz ne voyait pas d’un bon œil les connexions entre le président Sall et Moustapha Limam Chafi, ex-conseiller spécial de Blaise Compaoré, visé depuis 2011 par un mandat d’arrêt international lancé par Nouakchott.     

Pour finir, c’est à juste raison que le ministre des Forces armées Augustin Tine soutient que le GAR-SI Sahel est partie intégrante du dispositif du G5 Sahel. 

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