Coup de froid diplomatique entre Kinshasa et Bruxelles
La République démocratique du Congo a pris lundi de nouvelles mesures visant la Belgique en demandant la fermeture de consulats dans les deux pays et la baisse de la fréquence des vols de la compagnie Brussels Airlines vers Kinshasa.
Les autorités congolaises ont demandé mardi à Bruxelles de fermer le consulat général de Lubumbashi (sud-est), seul poste diplomatique belge dans le pays avec l’ambassade de Kinshasa. « Pour des raisons indépendantes de notre volonté, le consulat sera fermé à partir du 6 février 2018 pour une durée indéterminée », a indiqué mardi l’ambassade de Belgique en RD Congo. Kinshasa a parallèlement fermé son propre consulat à Anvers, au nord de la Belgique.
La brouille s’est aussi étendue à la desserte aérienne de la capitale congolaise. « Le nombre des fréquences hebdomadaires allouées à votre compagnie Brussels Airlines est réduit de sept à quatre à partir du lundi 5 février 2018 », a indiqué le directeur général de l’aviation civile congolaise, Jean Tshiumba Mpunga, dans un courrier adressé à la représentante de la compagnie aérienne à Kinshasa. La décision s’applique officiellement « faute de réciprocité dans l’exploitation des services aériens internationaux entre la RDC et le Royaume de Belgique ». La compagnie aérienne congolaise, inscrite sur la liste noire des compagnies interdites dans l’Union européenne vu le nombre important de crashs de ses avions, n’a en effet pas le droit de survoler la Belgique. Brussels Airlines est une filiale de la compagnie allemande Lufthansa, qui l’a rachetée totalement fin 2016.
Les relations entre le Royaume et son ancienne colonie se sont dégradées depuis le début de l’année, avec la décision de Bruxelles de mettre fin à sa coopération sur différents projets avec le gouvernement congolais, à cause d’inquiétudes concernant le respect des droits de l’homme et la sécurité dans le pays. Une subvention de 25 millions d’euros, consacrée à ces projets, a été retirée pour être allouée à des groupes d’aide humanitaire qui œuvrent au Congo.
« Nos relations sont évidemment compliquées parce qu’il y a une crise depuis 2016 au Congo. Normalement des élections auraient dû avoir lieu, en vertu de la Constitution, à la fin de 2016. (…) On sait que chaque fois qu’il y a une crise politique importante au Congo, cela complique les relations bilatérales avec la Belgique », a affirmé mardi le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders. Il avait condamné la répression, le 21 janvier, de la marche des catholiques contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, qui a fait sept morts selon l’ONU. Le président congolais, au pouvoir depuis 2001, a achevé son mandat fin 2016, mais a refusé de quitter le pouvoir. Des élections sont attendues fin 2018, mais des marches sont fréquemment organisées par l’opposition, la société civile ou l’Église catholique, pour appeler à une transition démocratique.
Kinshasa, qui dénonce « l’activisme » déployé par la Belgique à l’encontre du gouvernement Kabila, a déjà par ailleurs demandé en janvier à Bruxelles de mettre fin aux activités de son agence de développement, Enabel, en RD Congo. La Maison Schengen de Kinshasa, sorte de consulat européen géré par Bruxelles, doit aussi être « démantelée ». L’ambassade de Belgique a mis à la disposition des Congolais qui sollicitent un visa court de trois mois un numéro de téléphone, qui indique « ne plus prendre de dossier pour l’instant ».
« Il n’y a pas d’animosité avec la Belgique qui doit comprendre que la RDC n’est plus une colonie. Notre décision a été prise sans passion », a argumenté le président Kabila lors de sa première conférence de presse en cinq ans, le 26 janvier.
L’Union européenne avait prononcé en 2017 des sanctions à l’encontre d’une quinzaine de personnalités congolaises pour « violations des droits » ou « entrave au processus électoral ».
Avec Reuters et AFP