Burkina Faso : le Fonds africain de développement octroie plus de 59 millions d’euros pour améliorer l’accès à l’électricité
Le Conseil d’administration du Fonds africain de développement a approuvé, mercredi 15 septembre à Abidjan, l’octroi d’un financement de 59,43 millions d’euros au Burkina Faso pour accroître l’accès durable à l’électricité afin d’améliorer les conditions de vie des populations.
Le financement issu du guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement se compose d’un prêt de 41,60 millions d’euros et d’un don de 17,83 millions d’euros. D’autre part, le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA, un fonds spécial multi-donateurs géré par la Banque africaine de développement) versera un don de 130 000 euros.
L’apport financier de la Banque permettra de mettre en œuvre le Projet d’électrification et de développement des connexions à l’électricité (PEDECEL), qui vise à étendre le réseau de distribution d’une énergie électrique de qualité au profit des ménages dans plusieurs localités périurbaines et rurales réparties dans dix des treize régions administratives du Burkina Faso. Les trois autres régions sont déjà prises en compte par le projet « Yeleen » de développement de centrales solaires et de renforcement du système électrique -en cours de réalisation- sur financement de la Banque mis en place en 2019.
« Le financement du PEDECEL vient confirmer la bonne synchronisation des interventions de la Banque dans le secteur de l’énergie au Burkina Faso au cours des dix dernières années », a déclaré Marie-Laure Akin-Olugbade, directrice générale de la Banque africaine de développement pour la région Afrique de l’Ouest. La directrice générale a rappelé les acquis de deux projets précédents (PRIELER et PEPU) d’amélioration de l’accès à l’électricité, financés par la Banque et le projet régional d’interconnexion avec le Nigeria qui apportera environ 100 mégawatts au Burkina dès 2024 ; il s’y ajoute le Projet Yeleen de développement des centrales solaires qui vise à augmenter la capacité de production d’énergie solaire du pays de 52,8 mégawatts avec une incidence positive sur le coût de revient du kilowattheure.
« Le PEDECEL permettra de réaliser une étude sur le potentiel de l’efficacité énergétique dans les bâtiments administratifs à Ouagadougou. Cette étude permettra de préparer les futures interventions de la Banque dans le pays en ce qui concerne l’efficacité énergétique », a ajouté, Henry Paul Batchi Baldeh, directeur du Département du développement des systèmes électriques à la Banque.
Le PEDECEL contribuera notamment à améliorer l’accès à l’électricité des populations des chefs-lieux de régions et celles des quartiers périphériques de Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Koudougou, les trois plus grandes villes du pays, marquées depuis une décennie, par un important développement spatial et démographique. Au moins, 218 400 ménages, seront raccordés au réseau électrique grâce à ce projet, soit environ 1 528 800 habitants, dont 790 390 femmes, représentant un taux de 51,7%. Le projet permettra d’installer l’éclairage public solaire et renforcera la gouvernance dans le secteur à travers la formation des principaux acteurs. Le projet profitera à l’ensemble des localités couvertes, qui, grâce à l’extension du réseau de distribution, bénéficieront de l’amélioration de la qualité des services offerts par les établissements socio-publics de base (administrations locales, centres de santé, écoles et ateliers de formation, etc.) et de l’éclairage public. Le projet permettra de créer environ 560 emplois directs et indirects, temporaires et permanents pendant les phases de construction et d’exploitation.
Les nouveaux abonnés bénéficieront d’un système innovant de paiement différencié et progressif des frais d’abonnement, qui demeurent un frein à l’accès à l’électricité pour la plus grande partie de la population burkinabè. Les nouveaux clients payeront, à l’entrée, seulement 3 000 francs CFA (4,55 euros) contre 90 000 à 218 000 FCFA actuellement (137,20 euros à 332,33 euros) et les frais de raccordement restants seront payés par tranches mensuelles étalées sur trois ans.
L’appui de la Banque au PEDECEL a suscité l’intérêt d’autres bailleurs comme la Banque européenne d’investissement, la Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique et POWER AFRICA WAEP, engagés à accorder des financements additionnels pour couvrir le coût total du projet qui est de 136,86 millions d’euros. Le gouvernement du Burkina Faso et la Société nationale d’électricité (SONABEL) apporteront un financement cumulé de 16,23 millions d’euros.
Le projet, qui doit être réalisé entre octobre 2021 et décembre 2025, s’inscrit dans l’initiative « Desert to Power », un projet emblématique de la Banque africaine de développement déployé dans onze pays du Sahel, dont le Burkina Faso, qui vise une production de 10.000 mégawatts d’énergie solaire photovoltaïque à l’horizon 2030 pour 250 millions de personnes.
Le gouvernement du Burkina Faso s’est fixé comme objectifs à l’horizon 2027, d’atteindre au moins un taux d’accès à l’électricité au plan national de 60% (90% en milieu urbain et 30% au moins en milieu rural). À la fin de 2020, 22,5% des Burkinabè (67,4% en zone urbaine, 5,3% en milieu rural) avaient accès à l’électricité.
Le PEDECEL répond à trois des cinq objectifs prioritaires, les « High5 », de la Banque africaine de développement : « éclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique », « industrialiser l’Afrique » et «améliorer la qualité de vie des populations africaines ».
Mame Amtar DIEDHIOU