Sportifs, écrivaines, musiciens, figures politiques… De nombreuses personnalités françaises et internationales nous ont quittés en 2020. Retour en images et en quelques mots sur les parcours de ces femmes et de ces hommes.
26 janvier : la légende du basket Kobe Bryant
Onde de choc le 26 janvier à l’annonce du décès de la star américaine Kobe Bryant, mort dans un accident d’hélicoptère, près de Los Angeles, à l’âge de 41 ans. Quintuple champion NBA avec les Lakers, il est décédé ainsi que huit autres personnes, dont l’une de ses filles, Gianna. Celui qu’on surnommait « Black Mamba » était l’un des sept joueurs à avoir inscrit plus de 30 000 points en une carrière. Retraité des parquets depuis 2016 après vingt saisons à tutoyer les cimes du basket mondial comme peu l’ont fait avant lui, Bryant est le seul à avoir ses deux maillots, aux numéros 8 et 24, accrochés au plafond du Staples Center, en compagnie des autres légendes de la franchise, tels Magic Johnson, Kareem Abdul Jabbar ou encore Shaquille O’Neal.
31 janvier : la « reine du suspense » Mary Higgins Clark
L’américaine Mary Higgins Clark était l’une des écrivaines les plus vendues au monde. Elle est morte à 92 ans le 31 janvier, entourée de sa famille. Née à New York, dans le Bronx, le 24 décembre 1927, dans une famille modeste d’origine irlandaise, Mary Theresa Eleanor Higgins Clark dit avoir attrapé le virus de l’écriture à l’âge de 7 ans. Des drames familiaux la convaincront que le pire peut toujours arriver et c’est ce moment où tout bascule qu’elle aime décrire dans ses livres. Fillette, elle perd son père à l’âge de 10 ans. Adulte, elle perd son mari, elle n’a alors que 35 ans et cinq enfants. Après un début de carrière difficile, elle parvient à enchaîner les best-sellers. Mary Higgins Clark a écrit une cinquantaine de livres écoulés à quelque 100 millions d’exemplaires, dont plus de 80 millions aux États-Unis, depuis son premier grand succès en 1975, « La maison du guet ». PUBLICITÉ
5 février : le dernier monstre sacré d’Hollywood Kirk Douglas
Sa fossette au menton et son sourire en coin étaient aussi légendaires que ses films : l’acteur Kirk Douglas, icône de l’âge d’or d’Hollywood, est mort le 5 février à l’âge de 103 ans. L’acteur américain s’inscrit dans la légende du cinéma américain pour son rôle dans le film « Spartacus ». Malgré son enfance misérable, ou peut-être à cause d’elle, ce fils de chiffonnier juif ayant fui la Russie n’avait d’yeux que pour le cinéma. Après s’être enrôlé dans la Marine durant la Seconde Guerre mondiale, il décroche de petits rôles avant de rencontrer enfin le succès avec un rôle de boxeur acharné dans « Le Champion ». Grand séducteur et acteur engagé, il enchaînera au cours de sa longue carrière une centaine de films… sans remporter le moindre Oscar. Il devra attendre 1996 pour décrocher un Oscar d’honneur pour l’ensemble de son œuvre.
25 février : Hosni Moubarak, le raïs qui régna trente ans sur l’Égypte
L’ancien homme fort d’Égypte, Hosni Moubarak, âgé de 91 ans, s’est éteint le 25 février, à l’hôpital militaire Galaa, au Caire. Dans sa jeunesse, il envisageait de consacrer sa vie à l’armée. Au lieu de cela, il régna sur le pays d’une main de fer de 1981 à 2011, avant d’être renversé à la faveur de la « révolution du Nil ». Le soulèvement populaire de 2011 est réprimé dans le sang. Il est emprisonné durant six ans, condamné à la perpétuité pour complicité et conspiration en vue de tuer des manifestants. Il est finalement acquitté en 2017. Drapeaux en berne, coups de canon, l’Égypte lui rend le lendemain de sa mort les honneurs militaires.
24 mars : Le saxophoniste et chanteur camerounais Manu Dibango
Le géant de la musique camerounaise, chanteur et saxophoniste né Emmanuel N’Djoké Dibango, plus connu sous le nom de Manu Dibango, est décédé le 24 mars. L’artiste camerounais a été emporté à l’âge de 86 ans par le coronavirus. Le musicien aura traversé les âges, les styles, et les « supports » : 78 tours, vinyles, CD, numérique, la discographie de la légende du jazz raconte à elle seule toute une histoire de la musique d’après-guerre et de la décolonisation.
31 mars : Pape Diouf, personnalité franco-sénégalaise du football
Pape Diouf est tristement devenu le 31 mars 2020 la première victime officielle du Covid-19 au Sénégal. Le président Macky Sall a rendu hommage à un « grand dirigeant engagé et [une] éminence grise du football« . D’abord journaliste dans les années 1980, il devient ensuite un agent à succès à partir des années 1990, s’occupant des intérêts de grands noms du ballon rond comme Joseph-Antoine Bell, Marcel Desailly, Basile Boli, William Gallas, Samir Nasri ou Didier Drogba, entre autres joueurs. Dirigeant estimé de l’OM à partir de 2005, Pape Diouf a été un des acteurs majeurs du football français, réputé pour ses passes d’armes avec son homologue lyonnais Jean-Michel Aulas, et son langage de haute tenue.
12 mai : Le monument du cinéma français Michel Piccoli
Monstre sacré à l’écran, grand pudique dans la vie, le comédien Michel Piccoli est décédé à 94 ans. Quand on lui demandait ce qu’il pensait de l’expression « monstre sacré », Michel Piccoli répondait « monstre j’accepte, sacré, ça m’inquiète un peu. Disons monstre… points de suspension ». Après une carrière de près de soixante ans, le comédien français a incarné des personnages sombrement extravagants tout autant que des séducteurs bouleversés par « les choses de la vie ». Avec lui se tourne une page du cinéma français et même européen, ainsi qu’une époque : celle des Trente glorieuses, des films de Sautet et de Buñuel, des repas s’éternisant des heures et des hommes discutant clope au bec.
6 juillet : Ennio Morricone, le maestro aux 500 musiques de films
L’auteur de musiques de films le plus connu et le plus prolifique est mort à l’âge de 91 ans dans une clinique romaine des suites d’une chute. Né à Rome en 1928, Ennio Morricone s’est fait connaître au début des années 1960 en composant les partitions des films de son ami d’enfance Sergio Leone. Le célèbre compositeur italien laisse plus de 500 musiques dont les célèbres bandes originales des films « Le Bon, la Brute et le Truand » ou « Il était une fois dans l’Ouest ». Il refusait qu’on le réduise à ces quelques succès. Il faut dire que son style unique, mélange atypique de mélodies entêtantes et d’arrangements insolites à base de sifflements et de bruits divers, l’a hissé au sommet des compositeurs de musiques de film les plus demandés, en Italie, en Europe et à Hollywood, où il avait refusé de s’exiler, préférant rester à Rome, sa ville de cœur.
28 juillet : l’ardente défenseuse des femmes Gisèle Halimi
Avocate, femme politique, écrivaine et militante, Gisèle Halimi fut bien plus encore pour la cause féministe. Décédée à l’âge de 93 ans, elle s’était battue tout au long de sa vie pour défendre la légalisation de l’avortement et la criminalisation du viol. Née le 27 juillet 1927 à La Goulette, en Tunisie, au sein d’une famille pauvre, juive, elle s’affranchit très tôt de l’ordre patriarcal en entamant une grève de la faim à l’âge de 10 ans car elle refuse d’effectuer les tâches ménagères dont ses frères sont exemptés. Sa première victoire féministe avant de nombreuses autres. Avocate engagée, elle se fait notamment connaître lors du procès emblématique de Bobigny, en 1972, où elle défend une mineure jugée pour avoir avorté à la suite d’un viol. À l’occasion de ce procès médiatique, le grand public découvre cette femme à l’allure toujours impeccable qui fait citer un aréopage de personnalités littéraires et scientifiques venues dénoncer un procès d’un autre âge. Certains plaident pour que l’icône de la lutte féministe rejoigne Simone Veil au Panthéon.
23 septembre : Juliette Gréco, artiste libre et engagée
La grande dame de la chanson française, Juliette Gréco, a tiré sa révérence le 23 septembre à l’âge de 93 ans. Amie des poètes et des musiciens, elle incarnait à elle seule l’esprit de Saint-Germain-des-Prés. Au fil des ans, elle fait de nombreuses tournées à l’étranger en conservant les mêmes convictions et les mêmes engagements politiques. L’interprète de « Déshabillez-moi » a survécu au temps et aux modes. De jeunes chanteurs lui ont écrit des chansons dans ses derniers albums comme Olivia Ruiz, Benjamin Biolay, Abd Al Malik ou Miossec. « Passion, combat, amour et rigolade intense », disait la chanteuse pour résumer sa vie.
31 octobre : L’inoubliable agent secret Sean Connery
James Bond à sept reprises, l’acteur britannique Sean Connery est mort le 31 octobre à l’âge de 90 ans, aux Bahamas. Né dans la plus grande pauvreté d’une banlieue d’Édimbourg, Sean Connery connaît de nombreux petits boulots avant de devenir acteur. C’est en endossant pour la première fois le rôle de 007 dans « Dr No » en 1962, qu’il embrasse le succès. S’en suit une longue carrière couronnée de nombreux prix dont un Oscar, deux Bafta et trois Golden Globes. En 1989, le magazine People le consacre « homme vivant le plus sexy », alors qu’il va allègrement sur ses 60 ans. Il prend sa retraite en 2003, restant immensément populaire. En 2013, il avait été élu acteur britannique préféré des Américains.
26 novembre : « La main de Dieu » et légende du football Diego Maradona
À l’âge de 12 ans, Diego Maradona rêvait tout haut au micro de la télé argentine : « J’ai deux rêves : disputer la coupe mondiale avec l’Argentine, puis la remporter. » Il les a accomplis. La légende argentine est morte le 25 novembre d’un arrêt cardiaque. Le « Pibe de oro » ou “gamin d’or” était pour beaucoup le plus grand joueur argentin de tous les temps. Sous les couleurs de l’équipe nationale pendant dix-sept ans (1977-1994), le légendaire numéro 10 a marqué 50 buts en 115 matches. Sur le terrain, l’artiste fascine, dans le privé, le personnage inquiète. Son addiction à la cocaïne a raison de sa carrière. Sali par les scandales, sous le coup d’une suspension de deux ans pour un nouveau contrôle positif en 1994, il quitte officiellement le monde du football, à 37 ans, le jour de son anniversaire. De déclarations tapageuses en cures de désintoxication, il multiplie les problèmes de santé. Mais pour les Argentins et les amoureux du ballon rond, la légende est toujours là.
2 décembre : Valéry Giscard d’Estaing, réformateur de la France de 1974 à 1981
Figure de la vie politique française, Valéry Giscard d’Estaing est mort le 2 décembre du Covid-19, à l’âge de 94 ans. Élu à l’Élysée en mai 1974 à l’âge de 48 ans, il devient le plus jeune président français depuis Louis Napoléon-Bonaparte. Incarnation du centre droit, il fait souffler un vent nouveau sur le pouvoir en portant un certain nombre de réformes comme l’abaissement de la majorité à 18 ans, la légalisation de l’IVG ou la création d’un secrétariat d’État à la Condition féminine, confié à la journaliste Françoise Giroud. Européen convaincu, il est aussi un homme de lettres. En 2003, il est élu à l’Académie française, obtenant une précieuse place auprès des « Immortels ».