En Tunisie, sept ans après la chute de Ben Ali, un anniversaire au goût amer
A l’issue d’une semaine de tensions, au fil de laquelle environ 800 personnes ont été interpellées, le gouvernement affecte de se montrer à l’écoute de la rue.
Ce fut une kermesse étrange, à la fois festive et crispée, une fête du souvenir où la police antiémeute déployait ses escouades au pied d’estrades de musiciens, devant une foule drapée dans les couleurs tunisiennes. Dimanche 14 janvier, l’avenue Bourguiba, haut lieu des rassemblements politiques au cœur de Tunis, a célébré dans une atmosphère brouillée le septième anniversaire de la chute du dictateur Zine El-Abidine Ben Ali. En ces temps de fièvre sociale, rien n’avait été laissé au hasard, jusqu’à la fouille des sacs entre deux barrières.
Alors qu’à travers le pays un mécontentement parfois émaillé de violences couve depuis le début de l’année contre la vie chère, le rassemblement de l’avenue Bourguiba – entre 1 000 et 2 000 personnes – offrait une gamme assez complète des humeurs tunisiennes. On pouvait y trouver des durs agitant le drapeau de la révolte, comme des modérés appelant à calmer le jeu.
A écouter Wahib Ben Chahla, membre de Fech Nestannew (« qu’est-ce qu’on attend ? »), le groupe de militants de gauche qui alimente l’agitation à Tunis depuis une semaine, la pression va continuer de monter. « La jeunesse en a marre de ce système qui la marginalise. Elle ne va pas lâcher prise », prévient-il.
A l’opposé, Tawfik Rashid, secrétaire général de la fédération des travaux publics de l’Union générale du travail tunisien (UGTT), le principal syndicat tunisien, joue la pondération. « Les manifestations contre le chômage et la vie chère sont légitimes, explique-t-il, mais la violence des bandits doit être condamnée. A l’UGTT, on demande que le gouvernement rectifie le tir de sa politique d’austérité mais on ne cherche pas le conflit avec lui. »
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