« Racisme d’Etat », colonisation, voile islamique… la militante assume des positions tranchées et travaille au corps la société française.
Dans la liste, seul son nom a été retoqué. Parmi les trente personnalités pressenties avant Noël pour faire partie du Conseil national du numérique (CNNum), ni la présence d’une agricultrice spécialiste de permaculture ni celle d’un médecin ou d’une écrivaine au beau milieu d’universitaires et de « start-upeurs », n’avaient paru illégitimes. Celle de Rokhaya Diallo, si. « Pourquoi prendre quelqu’un qui défend le port du voile islamique ? », a glissé un visiteur à Marie Ekeland, l’entrepreneuse choisie par le secrétaire d’Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, pour présider le CNNum. « Vous savez qu’elle est proche des indigènes de la République ? », a fait remarquer un autre. « Diallo ? Celle qui affirme qu’il existe en France un racisme d’Etat ? », s’est insurgé un troisième.
Comment Marie Ekeland aurait-elle pu ignorer que son choix de nommer cette jeune militante noire, fondatrice des Indivisibles, au sein du petit groupe chargé – bénévolement – de penser l’impact du numérique sur la société française, ferait débat ?
Cédric O, le conseiller conjoint d’Emmanuel Macron et du premier ministre, Edouard Philippe, comme Mounir Mahjoubi, avaient déjà lu la longue notice Wikipédia consacrée à Rokhaya Diallo. Tous les tumultes de l’époque y figurent, bien classés par alinéa : « antiracisme », « racialisme », « camps d’été réservés aux personnes non blanches », « communautarisme », « afroféminisme », « islam politique », « déclaration sur Ben Laden », « attentats contre Charlie Hebdo », le tout nourri par 99 notes en bas de page !
Pour une « journaliste, réalisatrice et militante associative » française de 39 ans, habituée des radios et du plateau télé de Cyril Hanouna, c’est presque un record. « Elle n’est pas “mainstream” », préfèrent dire les trentenaires du nouveau pouvoir, avec ce goût pour les anglicismes qui…
Alioune Sarr NDIAYE, afripresse