Dette africaine : Jacques Attali fustige les emprunts gaspillages et s’inquiète pour l’Afrique
Économiste, chef d’entreprise, haut fonctionnaire français Jacques
Attali a été aussi conseiller spécial du Chef de l’État Français
Mitterrand pendant de longues années. C’est à cet écrivain chevronné que
« Intelligence Magazine » a tendu le micro, moment lors duquel il
revient sur un plaidoyer phare des États africains depuis l’apparition
de la pandémie à coronavirus qui est le réaménagement de la dette
africaine. Une mesure que comprend et accepte Attali qui cependant
fustige les investissements inutiles.
« Dans le passé, cette
dette a été souvent faite pour de mauvaises raisons. C’est important,
mais ça ne fait qu’effacer des erreurs dans le passé. Ce n’est pas très
utile pour préparer l’avenir. C’est pourquoi il faut éviter d’encourager
des gens à faire des emprunts. Donc l’annulation de la dette est utile,
mais elle n’est pas l’essentiel. Ce qui est essentiel, c’est de savoir
choisir de faire des investissements utiles pour le futur (…) » a-t-il dit. Et non « pour
financer la corruption, le train de vie des dirigeants, les dépenses
excessives dans des projets inutiles etc… Et ça existe dans tous les
pays, pas spécifiquement en Afrique », ajoutera-t-il.
Sur la
dette publique qui devrait connaitre une envolée considérable, Attali
s’est dit aussi inquiet, mais pour la jeune génération tout en assurant
que les décisions d’aujourd’hui peuvent changer l’avenir.
« Je
ne voudrais pas que les jeunes qui ont dix ans souffrent aujourd’hui de
la pandémie, de la dictature à vingt ans, et d’un désastre écologique à
trente ans. Et tout ça dépendra de ce que nous décidons aujourd’hui,
parce que la pandémie peut revenir, la dictature est possible, en
Afrique comme en Europe ou aux États-Unis, si on ne met pas en place les
conditions pour défendre la démocratie et la faire progresser. Enfin,
la crise climatique aura lieu si on l’on ne crée pas aujourd’hui de
véritables modifications de l’usage des énergies, pour aller vers des
énergies décarbonées. En particulier en Afrique, la crise actuelle va
faire dramatiquement augmenter la pauvreté et le chômage. Le pire
redevient possible ».