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Africando : Le fabuleux destin de l’afro-cubain

Pour conclure Le fabuleux destin de l’afro-cubain, on a décidé de s’arrêter sur Gombo Salsa, un des albums majeurs de l’incontournable ensemble Africando.

À l’instar de la Fania All Stars qui réunissait les plus grands talents latinos qui firent la salsa des années 70 et 80, Africando réunit les meilleurs salseros du continent. On y retrouve ceux qui ont écrit les plus belles pages de la salsa africaine : feu Pape Seck avec le Star Band de Dakar, mais aussi Medoune Diallo de l’Orchestra Baobab, Nicolas Manheim du Super Etoile, ou encore Gnonnas Pedro, Amadou Balaké et bien d’autres encore, évoqués dans l’article Le fabuleux destin de l’afro-cubain.

Le groupe invite également des vocalistes qui n’ont pas fait carrière dans la salsa, mais dont le chant se marie parfaitement aux accents afro-cubains. Il en est ainsi de Sekouba « Bambino » Diabaté, griot mandingue passé par l’école du Bembeya Jazz de Guinée, notamment sur la chanson « Apollo ». Ce chant populaire en Guinée est repris ici avec toute la puissance et la finesse du chant des griots, et s’intègre parfaitement dans le berceau salsa qui lui a été tressé. Il s’agit bien, comme le nom de l’album l’indique, de Gombo Salsa (le gombo étant un condiment prisé dans nombre de régions d’Afrique mais aussi dans les contrées américaines où les Noirs furent déportés).

On doit cette réussite, qui repeint la salsa de nouvelles couleurs africaines à Boncana Maiga, autrefois leader de las Maravillas de Mali puis patron de l’orchestre de la Radio télévision Ivoirienne. C’est à lui, en 1991, que le producteur Ibrahima Sylla a confié les clefs de cette formation : Africando (contraction de l’espagnol « Africa andando », Afrique en marche). Boncana a ainsi réarrangé de nombreux titres produits en Afrique de l’ouest dans les années 60 et 70, en leur donnant un son résolument new-yorkais (c’est d’ailleurs à New York qu’il enregistre régulièrement les cuivres des albums du groupe).

Sur ce disque, on retrouve ainsi le classique Walo, dédié à Pape Seck, décédé en 1995 à Dakar. C’est lui qui autrefois le chantait avec le Star Band de Dakar. La chanson évoque un épisode historique qui eut lieu au XIXè siècle à la frontière actuelle du Mali et du Sénégal, opposant des Maures à des populations négro-africaines de la vallée du fleuve Sénégal. Les razzias étaient en effet fréquentes, et visaient à la capture des Noirs pour les mettre en esclavage. Dans le villade de Nder, les femmes restées seules opposèrent une résistance farouche aux Maures, et finirent par s’immoler, préférant la mort à l’esclavage. Le souvenir de cette époque continue de hanter la société mauritanienne, toujours marquée par ses séquelles. La chanson prend d’autant plus de relief qu’elle est enregistrée peu après les événements tragiques qui, au début des années 90, opposèrent Maures et Noirs de part et d’autre de la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie.

Gombo Salsa comporte bien d’autres titres savoureux, notamment ceux interprétés par le Béninois Gnonnas Pedro (lui aussi décédé depuis), ou bien le fameux Paquita chanté (trente ans après sa première version) par Tabu Ley lui-même.

L’aventure Africando à ce jour continue (leur dernier album, Viva Africando, est sorti en 2013) avec de nouveaux talents remplaçants les aînés qui ont disparu. Depuis le décès du producteur Ibrahima Sylla le 30 décembre 2013, ils se font plus rares sur scène. Binetou Sylla, sa fille, a repris le label. Elle espère bien faire vivre la flamme de cette incontournable et géniale institution.

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