Amadou Hott plaide pour une réduction de la prime de risque africaine

L’ancien ministre sénégalais de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, estime que la réduction de la prime de risque africaine sur les marchés financiers internationaux est une nécessité pour accélérer le développement socio-économique du continent. Candidat à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), il a souligné, lors d’une interview accordée à Radio France Internationale (RFI), que cette prime constitue un frein majeur pour les États et le secteur privé africains.« On peut faire plus de progrès vraiment sur la réduction de la prime de risque africaine. C’est ça qui pénalise le plus les pays africains. Quand les pays africains, pour la plupart, vont sur les marchés internationaux où les ressources sont presque illimitées, nous payons jusqu’à huit fois plus que ce que payent les pays développés », a-t-il déclaré.
Un coût d’emprunt excessif pour les pays africains
D’après Amadou Hott, une prime de risque élevée entraîne un coût d’emprunt exorbitant, affectant aussi bien les finances publiques que les investissements privés. En effet, les États africains doivent souvent payer des taux d’intérêt plus élevés, jusqu’à 500 points de base (5 % de plus), comparés à d’autres pays aux profils économiques similaires.
Cette situation désavantage considérablement l’Afrique, où les projets d’infrastructure et de développement nécessitent des financements accessibles. Il souligne également que la prime de risque des États impacte directement celle du secteur privé, limitant ainsi les opportunités de croissance des entreprises africaines.
Des réformes en cours au sein des institutions financières internationales
Face à cette problématique, Amadou Hott évoque des initiatives en cours pour réformer la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Il a récemment participé à des discussions à Rabat sur la transformation de ces institutions afin de mieux répondre aux besoins des économies africaines.
Par ailleurs, dans le cadre de la présidence sud-africaine du G20, une commission travaille actuellement sur la question de la prime de risque africaine. Cette réflexion vise à créer un cadre plus équitable pour les pays africains dans l’accès aux financements internationaux.
Vers la création d’une agence de notation africaine
Amadou Hott a également annoncé que l’Union africaine étudie la création d’une agence de notation financière propre au continent. Ce projet, bien que toujours en gestation, pourrait permettre aux pays africains de bénéficier d’une évaluation plus juste et objective de leur solvabilité sur les marchés.« Il ne s’agit pas de remplacer les agences de notation internationales, mais plutôt de faire du benchmarking et de conseiller les États africains sur les réformes à mettre en place pour améliorer leur notation », a-t-il précisé.
Dans cette dynamique, Amadou Hott estime que la Banque africaine de développement devra jouer un rôle central dans l’accompagnement des pays africains, en collaboration avec d’autres institutions engagées pour la croissance du continent.
Sa candidature à la présidence de la BAD s’inscrit dans cette volonté d’impulser une nouvelle approche du financement du développement en Afrique, en plaidant pour une réduction des coûts d’emprunt et une meilleure intégration du continent dans les circuits financiers internationaux.
Si ces initiatives aboutissent, elles pourraient considérablement améliorer la capacité des États africains à mobiliser des ressources pour financer leurs projets et accélérer leur développement économique.
afripresse.com