Conflit en RDC : L’ONU condamne directement le Rwanda, une étape clé dans la crise

Le Conseil de sécurité des Nations unies a franchi un cap en condamnant explicitement le Rwanda pour son soutien au M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette résolution marque une avancée diplomatique, mais son efficacité reste incertaine en l’absence de sanctions concrètes.
L’ONU exige un retrait immédiat des troupes rwandaises
Pour la première fois, l’ONU a adopté une résolution condamnant « fermement » l’offensive du M23 au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, tout en exigeant le retrait « immédiat » des forces rwandaises impliquées. Cette décision unanime met en lumière la pression internationale croissante sur Kigali.
Dans la foulée, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a exhorté à un cessez-le-feu lors d’un échange téléphonique avec le président kényan William Ruto. Les deux dirigeants ont qualifié d’« inacceptable » la prise de Goma et Bukavu par le M23 et appelé à une solution diplomatique.
Une condamnation aux effets limités ?
Malgré cette avancée diplomatique, Christophe Rigaud, journaliste spécialisé sur l’Afrique centrale, reste sceptique quant aux répercussions concrètes de cette condamnation. Il souligne que « sans sanctions économiques et politiques, Kigali pourrait ne pas modifier sa posture ».
Par ailleurs, la nomination de Donald Trump à la Maison Blanche introduit une nouvelle incertitude. Alors que l’administration Biden s’était montrée très critique envers le Rwanda, l’orientation de la politique étrangère américaine sous Trump reste floue.
Un soutien militaire décisif pour le M23
Si le Rwanda venait à retirer son appui au M23, l’organisation rebelle subirait un sérieux revers, estime Christophe Rigaud. En effet, l’apport logistique et technologique rwandais joue un rôle clé dans ses avancées militaires. Cependant, la progression rapide du M23, qui recrute dans les territoires conquis, renforce sa position et complique la tâche de l’armée congolaise, déjà affaiblie.
Une crise humanitaire alarmante
Le conflit a engendré une catastrophe humanitaire : plus de 3 000 morts ont été enregistrés lors de la prise de Goma, tandis que des milliers de Congolais fuient vers le Burundi. L’armée congolaise, en grande difficulté, ne bénéficie plus du soutien logistique de l’ONU, compliquant davantage la situation sur le terrain.
Un rôle limité pour l’Ouganda
Malgré sa présence en RDC, l’armée ougandaise ne semble pas disposée à s’opposer au M23. Les relations fluctuantes entre Kampala et Kigali laissent présager une forme de non-agression tacite entre les deux pays, privant Kinshasa d’un appui stratégique essentiel.
Une issue incertaine
Alors que la pression internationale monte, la résolution de l’ONU suffira-t-elle à infléchir la position rwandaise ? Sans actions concrètes, la crise pourrait s’enliser, laissant la RDC livrée à une instabilité persistante.