Ghana – Samia Nkrumah : « Le XXIe siècle est celui de l’unification de l’Afrique »
ENTRETIEN. En digne fille de Kwame Nkrumah, père de l’indépendance du Ghana, Samia Nkrumah invite à revenir aux fondamentaux du panafricanisme.
Le Point Afrique : Quelle est la vocation du centre Kwame-Nkrumah ?
Samia Kwame Nkrumah : J’ai mis en place le Centre panafricain Kwame-Nkrumah pour faire la promotion des travaux, les écrits et les pensées de Kwame Nkrumah parce que j’ai réalisé que beaucoup de personnes, spécialement les jeunes, ne sont pas familières à ces théories qui ont porté les indépendances africaines. Or je crois que ce qu’il, Kwame Nkrumah, nous a laissé est très important pour les circonstances actuelles, en l’occurrence son appel à l’unité de l’Afrique sur le plan politique et économique.
S’agit-il de créer un nouveau panafricanisme ou de revenir à celui des pères fondateurs ?
Il n’y a pas de nouveau panafricanisme. Il faut revenir aux écrits des pionniers du panafricanisme. Kwame Nkruma définit le panafricanisme comme un objectif que nous devons atteindre, c’est-à-dire la libération totale de l’Afrique. Nous avions commencé avec les indépendances, mais nous n’avons pas encore atteint l’unité. Nous devons reprendre et revisiter l’héritage de ces pionniers. Imaginez, pour faire une course, avant de la commencer, avant de courir vite, vous devez vous retourner et prendre le témoin. Si vous commencez à courir sans prendre le témoin, où comptez-vous arriver ? Nulle part. C’est ce que nous disons, ces pionniers doivent être revisités parce que jusqu’à présent je n’ai rien vu de concret. Nous n’avons pas atteint notre principal objectif, celui de l’unité africaine.
Kwame Nkrumah (à gauche) avec l’Empereur éthiopien Haile Selassié (à droite) le 4 septembre 1961 lors de la Conférence des pays non-alignés à Belgrade, en Bulgarie. © – AFP/ Tanjug files
Un pas a été franchi en direction de l’unité économique, avec la création de la zone de libre-échange. Une étape vers l’unité africaine ?
Si nous regardons en détail, cette zone de libre-échange, la banque centrale, la zone monétaire… Nous avons les institutions, mais le fond n’y est pas. Ceci a été écrit et proposé dès 1963. Pourquoi est-ce que nous ne commençons pas ce processus de définition d’une stratégie commune, avec une seule armée, un seul commandement ? Pourquoi ne le faisons-nous pas ? Nous avons besoin de le faire. Nous ne disons pas que des bonnes idées n’ont pas été proposées, nous en avons, le traité d’Abuja par exemple, ce sont de très bonnes idées, mais je crois que le point qui manque est l’attention des leaders politiques. Qu’est-ce qui a poussé ces leaders à se soutenir, soutenir les mouvements de libération, la lutte contre l’apartheid ?