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ITALIE : Le plan de Matteo Salvini sur les migrants

Le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini était ce lundi 25 juin en visite à Tripoli pour s’attaquer à l’épineux dossier migratoire. Alors que la question sera à l’ordre du jour du Conseil européen, Matteo Salvini prend les choses en main, à sa manière.

Pour Matteo Salvini, la Libye a un rôle clé à jouer dans le dossier migratoire. Car c’est essentiellement de là que partent les candidats à l’exil en Europe. Le ministre italien de l’Intérieur estime qu’il faut donc traiter avec les autorités libyennes, même si la situation dans le pays est chaotique.

Sur place, où il a rencontré le vice-Premier ministre libyen du Gouvernement d’union nationale Ahmed Miitig, Matteo Salvini a remercié les garde-côtes libyens pour leur travail. Dimanche 24 juin, ils ont intercepté un millier de personnes à bord d’embarcations prêtes à mettre le cap vers l’île de Lampedusa. L’Organisation internationale des migrations relève un niveau d’activité sans précédent de ces gardes-côtes libyens. Depuis le début de l’année, 9 100 migrants ont été arrêtés en mer et conduits dans des centres de détention.

Des centres régulièrement pointés du doigt. Les organisations de défense des droits de l’homme et des journalistes ont mis au jour des abus, des violences, des surpopulations, des cas d’esclavage ou encore des conditions sanitaires déplorables. Les autorités libyennes, elles, réfutent.

Délocalisation de l’asile

 « Laissez les autorités libyennes faire leur travail », a lancé Matteo Salvini, qui plaide pour l’installation de « centres d’accueil et d’identification » des migrants au sud de la Libye. La Libye refusant catégoriquement l’installation de ce type de camps sur son territoire, il s’agirait de centres installés à sa frontière externe. Mais aucun de ses six pays voisins – la Tunisie, l’Algérie, le Niger, le Tchad, la Soudan et l’Egypte – n’a jusque-là été cité. Matteo Salvini entend faire cette proposition lors du Conseil européen de jeudi et vendredi prochain.

Une chose est sûre, cette proposition ne fera pas l’unanimité tant l’Europe est divisée, comme l’a montré le mini-sommet d’hier. La question de la délocalisation de l’asile a été évoquée à maintes reprises. Dernière proposition en date, celle de Jean-Claude Juncker. Le président de la Commission européenne plaide pour des programmes régionaux de « désembarquement de migrants ».

Il s’agirait de centres – ou de camps, diront certains – installés dans des pays du sud de la Méditerranée, comme la Tunisie, l’Algérie, le Maroc ou l’Egypte vers lesquels seraient transférées les personnes secourues en mer et où serait fait le tri entre les migrants économiques et les candidats à l’asile. Le concept et les modalités sont encore flous, mais c’est une idée récemment défendue par des pays comme l’Autriche. Toutefois, aucun de ces pays n’a pour l’instant donné de suite favorable. La Tunisie a même déjà prévenu qu’elle s’opposerait à de nouveaux centres de rétention sur son territoire.

Salvini dénonce « l’arrogance française »

Alors qu’une idée similaire de centres en Afrique du Nord sous le contrôle de l’ONU avait été brièvement évoquée la semaine dernière à Meseberg au nord de Berlin par Angela Merkel et Emmanuel Macron, le président français est depuis revenu sur cette idée. Il propose désormais de déplacer ces centres de tri fermés en Espagne et surtout en Italie.

De telles structures existent déjà. Depuis 2016, des « hotspots » ont été mis en place en Grèce et en Italie. Mais selon les concepteurs de l’idée française, ces structures n’ont pas bien fonctionné. Il s’agirait donc d’accueillir dans des conditions décentes les demandeurs d’asile le temps de l’instruction de leur dossier. La préinstruction des dossiers pourrait être menée par des offices nationaux.

Cette proposition est cependant plutôt mal accueillie en Italie. « Si l’arrogance française pense transformer l’Italie en camp de réfugiés pour toute l’Europe, peut-être en versant quelques euros de pourboire, elle se fourvoie complètement », a déjà réagi Matteo Salvini. En attendant, l’épisode de l’Aquarius est en train de se rejouer. Le ministre italien de l’Intérieur a confirmé que le navire humanitaire allemand Lifeline, avec 234 migrants à son bord, ne serait pas autorisé à entrer dans un port italien.

Afripresse.com

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