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Corruption à Maurice : la seule présidente d’Afrique va démissionner

La présidente mauricienne va démissionner après deux ans et demi de mandat, a annoncé son Premier ministre, vendredi. Ameenah Gurib-Fakim est critiquée depuis quelques jours pour avoir effectué des achats personnels sur le dos d’une ONG.

La seule femme chef d’État en Afrique va démissionner. La présidente mauricienne, Ameenah Gurib-Fakim, a annoncé vendredi 9 mars à son Premier ministre, Pravind Jugnauth, qu’elle quitterait ses fonctions après les cérémonies du 50e anniversaire de l’indépendance, le 12 mars.Ameenah Gurib-Fakim était depuis plusieurs jours sous forte pression, car accusée d’avoir utilisé une carte bancaire fournie par une ONG pour effectuer des achats personnels. Cette biologiste de renommée internationale, âgée de 58 ans, occupe son poste depuis juin 2015. Elle a succédé à Kailash Purryag, qui avait démissionné de ses fonctions, et est la première femme à occuper cette fonction honorifique dans l’histoire de l’île Maurice.

Un homme d’affaire sulfureux
Tout a commencé il y a dix jours quand le quotidien mauricien l’Express a publié des documents montrant que la présidente avait utilisé à des fins personnelles une carte bancaire qui lui avait été remise par l’ONG Planet Earth Institute (PEI).
Basée à Londres, PEI est financée par le milliardaire angolais Alvaro Sobrinho, un homme d’affaires controversé qui, depuis 2015, a tenté plusieurs fois d’investir à Maurice, selon l’Express, ce qui avait déjà déclenché des polémiques.Proche du pouvoir angolais, poursuivi au Portugal et en Suisse, Alvaro Sobrinho aurait détourné plus de 600 millions de dollars de la Banco Espirito Santo Angola lorsqu’il dirigeait la banque, avait révélé début mars le site français Mediapart.Selon l’Express, la carte avait été fournie à Ameenah Gurib-Fakim pour faire la promotion d’un programme de bourses.
La présidente mauricienne a cependant également utilisé la carte pour faire des achats personnels à l’étranger (bijoux, chaussures de marque, etc.), à hauteur de 25 000 euros, selon le quotidien. La présidente mauricienne, qui a déjà démissionné de son poste sein du conseil d’administration de PEI sous la pression de l’opposition, a reconnu les faits mais affirme avoir remboursé cette somme en mars 2017.
Une scientifique renommée
La candidature de la présidente avait été présentée en 2015 par l’alliance Lepep (Le Peuple) au pouvoir, mais avait aussi fait l’unanimité dans l’opposition qui avait voté pour sa nomination.
Première femme à occuper le poste de professeur d’université de Maurice, Ameenah Gurib-Fakim est aussi devenue la première doyenne de la faculté des sciences, entre 2004 et 2010. Directrice du centre de recherche de phytothérapie de l’île, cette botaniste est persuadée que les les médicaments à base de plante peuvent être une ressource économique importante pour Maurice. Ses recherches sur les plantes médicinales de l’île, dont elle a dénombré pas moins de 675 espèces, l’ont notamment conduite à obtenir en 2007 le prix l’Oréal-Unesco.Empêtrée dans ce scandale, elle a d’abord été soutenue par le gouvernement, alors que l’opposition exigeait son départ.
Mais face au tollé, le Premier ministre Pravind Jugnauth, qui a promis aux Mauriciens d’en finir avec la corruption, a finalement décidé de la lâcher. Son départ interviendra entre le 12 mars et la rentrée parlementaire, le 27 mars, a expliqué Pravind Jugnauth, aux yeux de qui « l’intérêt du pays passe avant tout ».
Avec AFP
© Karel Prinsloo, AFP | La présidente de l’île Maurice, Ameenah Gurib-Fakim, le 12 novembre 2015 à Johannesbourg.

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