TUNISIE : Les femmes dans la rue pour réclamer l’égalité dans l’héritage
Plus d’un millier de personnes ont manifesté samedi 10 mars à Tunis pour réclamer l’égalité des sexes en matière d’héritage. Dans la foule, composée principalement de femmes venues de toute la Tunisie, les participants scandaient que cette égalité était « un droit, pas une faveur ».
« C’est un des derniers bastions du patriarcat » dans la loi tunisienne, estime Sana Ben Achour, universitaire et présidente d’une association de soutien aux femmes, Beity. « Il faut qu’il y ait une égalité des droits puisque cela a été prévu par la Constitution » votée dans la foulée de la révolution de 2011, souligne-t-elle.
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a relancé en août dernier le débat sur cette question sensible, jugeant que la Tunisie se dirigeait inexorablement vers l’égalité « dans tous les domaines ».
Politique des petits pas
Instaurer cette égalité impliquerait de modifier le code successoral afin que les hommes n’héritent plus systématiquement du double de ce qui est légué aux femmes, une mesure fondée sur le droit islamique.
Cette question reste tabou dans le monde arabe, et plusieurs sondages laissent entendre qu’une majorité de Tunisiens sont opposés à l’égalité en matière d’héritage.
L’égalité en matière d’héritage est un des dossiers confiés à la commission pour les libertés individuelles, mise sur pied par la présidence pour réformer lois, directives et autres textes entravant ces libertés.
Son rapport initialement prévu en février, et repoussé à juin, devrait préconiser une politique des petits pas, a indiqué un membre de cette commission sous couvert de l’anonymat.
La commission pourrait ainsi proposer aux familles qui le souhaitent de pouvoir choisir de répartir « également » l’héritage entre fils et filles, sans imposer cette égalité dans la loi.
Avec AFP