Tensions diplomatiques : Washington expulse l’ambassadeur sud-africain, Pretoria déplore une décision « regrettable »
Une expulsion aux relents politiques
Les relations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud connaissent un nouvel épisode de crispation. Vendredi 14 mars, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé sur son compte X que l’ambassadeur sud-africain à Washington, Ebrahim Rasool, était déclaré persona non grata. Une décision qui, selon lui, fait suite aux critiques du diplomate contre le président américain Donald Trump, qu’il aurait accusé de mener une politique de « suprématie blanche ».
L’ambassadeur sud-africain dispose désormais de 72 heures pour quitter le sol américain, a confirmé le ministère des Affaires étrangères de Pretoria dans un communiqué publié samedi 15 mars. La présidence sud-africaine a réagi en qualifiant cette expulsion de « regrettable » tout en réaffirmant son engagement à « construire une relation mutuellement bénéfique » avec les États-Unis.
Des tensions qui s’intensifient
L’annonce de Marco Rubio a été accompagnée d’un article du média ultra-conservateur Breitbart, qui rapporte que le diplomate sud-africain aurait récemment critiqué l’administration Trump lors d’un discours à Johannesburg. Selon lui, le président américain serait à la tête d’un « mouvement suprémaciste blanc mondial ». Des propos qui n’ont manifestement pas été du goût de Washington.
Pour Kingsley Makhubela, ancien diplomate et spécialiste des relations internationales, cette expulsion illustre le climat tendu entre les deux pays :« Conformément à la Convention de Vienne, un différend entre États doit être réglé par les canaux diplomatiques traditionnels. Mais avec l’administration Trump, on assiste de plus en plus à une diplomatie via les réseaux sociaux. Si un ambassadeur se comporte mal, on demande généralement à son pays de le rappeler. Or, dans ce cas, les tensions entre Pretoria et Washington ont sans doute motivé une réaction plus radicale. »
Un nouvel épisode dans une relation de plus en plus chaotique
L’expulsion de l’ambassadeur sud-africain s’inscrit dans un contexte de détérioration progressive des relations entre les deux pays. En février dernier, Donald Trump avait suspendu les financements américains à l’Afrique du Sud, invoquant une loi d’expropriation des terres qui, selon lui, opprimerait la minorité blanche sud-africaine. Pretoria avait catégoriquement rejeté ces accusations.
De son côté, l’homme d’affaires sud-africain Elon Musk, soutien affiché de Trump, a plusieurs fois dénoncé le gouvernement de son pays natal, l’accusant de discriminations envers les Blancs.
Face à cette escalade, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a récemment exprimé son souhait de se rendre aux États-Unis pour apaiser les tensions. Il a reconnu que « tout a semblé dérailler » depuis un premier échange téléphonique avec Donald Trump après son retour au pouvoir.
Reste à voir si cette visite permettra d’apaiser une relation bilatérale qui semble plus fragile que jamais.
