Guinée-Bissau : Umaro Sissoco Embalo annonce sa candidature pour un second mandat

Le président bissau-guinéen, dont le mandat s’est officiellement achevé le 27 février dernier, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle.
L’information a été révélée ce lundi 3 mars par Jeune Afrique, qui s’est entretenu avec M. Embalo, et reprise par l’AFP. « Je serai candidat, cela ne fait aucun doute, et je vais gagner dès le premier tour », a déclaré le président à son arrivée à l’aéroport Osvaldo Vieira, lors d’un échange avec un correspondant de l’AFP.
Cette annonce intervient alors qu’il avait auparavant affirmé ne pas vouloir briguer un second mandat, expliquant que son épouse lui avait conseillé de ne pas le faire.
Un contexte politique tendu
Quelques jours avant cette déclaration, une délégation de la CEDEAO avait dû écourter sa mission de médiation en Guinée-Bissau.
La mission, déployée en collaboration avec le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), était présente dans le pays du 21 au 28 février. Son objectif était d’aider les acteurs politiques à trouver un consensus sur la tenue des élections générales, initialement prévues en novembre dernier, mais reportées par M. Embalo au 30 novembre de cette année.
L’opposition a dénoncé ce report et estimé que le mandat du président aurait dû prendre fin la semaine dernière, malgré une décision de la Cour suprême prolongeant son mandat jusqu’en septembre.
Dans un communiqué publié dimanche, la CEDEAO a expliqué avoir préparé un projet d’accord pour une feuille de route électorale en 2025 et commencé à le présenter aux parties prenantes. Cependant, l’équipe a quitté Bissau dans la nuit du 1er mars, après que M. Embalo a menacé de l’expulser.
Le président a confirmé à Jeune Afrique avoir donné à la délégation « un délai de 24 heures pour quitter le pays », affirmant avoir personnellement ordonné son expulsion.
« La Guinée-Bissau n’est pas une République bananière », a-t-il déclaré à l’AFP.
Un climat de tensions persistantes
M. Embalo, élu en décembre 2019 pour un mandat de cinq ans, fait face à une situation politique instable. Le pays, marqué par plusieurs coups d’État militaires depuis son indépendance en 1974, a connu deux tentatives de renversement récentes, dont la dernière en décembre 2023.
Cette instabilité a conduit le président à dissoudre le parlement dominé par l’opposition.
Jeudi dernier, l’opposition a appelé à une grève nationale, estimant que le mandat du président était arrivé à son terme. En réponse, le gouvernement a renforcé la présence des forces de sécurité dans la capitale.
Pendant ce temps, M. Embalo s’est rendu à Moscou, où il a rencontré le président Vladimir Poutine, ajoutant une nouvelle dimension diplomatique à cette crise politique.