Manifestation en Guinée à l’appel des Forces vives de Guinée,
La capitale guinéenne a connu une journée de fortes tensions ce lundi, marquée par une manifestation contre la prolongation de la transition militaire. Malgré son interdiction par les autorités, le rassemblement, à l’appel des Forces vives de Guinée, a mobilisé de nombreux manifestants exigeant le départ de la junte au pouvoir depuis septembre 2021. La répression a entraîné la mort d’un jeune homme et fait plusieurs blessés, tandis que des arrestations ont été signalées.
Une ville paralysée sous haute tension
Commerces fermés, routes bloquées et transports perturbés : Conakry ressemblait à une ville morte ce lundi. La manifestation avait pour objectif de dénoncer l’absence de progrès vers un retour à un pouvoir civil, une revendication portée par les Forces vives de Guinée, une coalition regroupant des partis d’opposition et des organisations de la société civile.
« L’objectif n’était pas seulement d’affronter les forces de sécurité, mais de paralyser la ville pour rappeler au CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) qu’un dialogue sincère est indispensable », a déclaré Ibrahima Balaya Diallo, porte-parole du collectif.
Malgré ces intentions affichées, la journée a été marquée par des affrontements dans plusieurs quartiers. Selon des témoins, des barricades ont été érigées et des échauffourées ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre.
Un bilan humain encore flou
Un premier bilan fait état d’un décès : un jeune homme d’une vingtaine d’années, tué par balle selon des membres de sa famille. Les autorités n’ont pas encore confirmé ce décès, ni fourni d’explications sur ses circonstances. En outre, plusieurs manifestants blessés ont été signalés et des arrestations ont eu lieu, sans qu’un chiffre précis ne soit communiqué.
Des habitants, pris entre deux feux, ont exprimé leur exaspération face aux violences récurrentes : « Nous ne sommes pas contre le droit de manifester, mais cela ne doit pas se transformer en chaos, avec des biens publics détruits et des routes bloquées », a réagi un commerçant de Conakry.
Un climat de répression et d’impasse politique
Depuis le renversement de l’ancien président Alpha Condé, les manifestations pour un retour à un régime civil sont régulières, mais systématiquement interdites par la junte. Selon les Forces vives de Guinée, plus de 60 personnes ont perdu la vie dans ces rassemblements au cours des trois dernières années.
Face à cette escalade, certains appellent à une prise de conscience collective : « Le pays appartient à tous, il est temps que chacun prenne ses responsabilités et qu’un dialogue sincère s’engage pour éviter le pire », a exhorté un enseignant, témoignant à l’issue de la manifestation.
La situation en Guinée reste fragile, dans un contexte où le dialogue entre la junte et ses opposants semble dans l’impasse. Les tensions croissantes risquent de plonger davantage le pays dans l’instabilité.