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Tirailleurs sénégalais : Emmanuel Macron reconnaît un « massacre », dit Bassirou Diomaye Faye

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a déclaré jeudi soir qu’Emmanuel Macron avait, dans une lettre officielle, reconnu le « massacre » commis par les forces coloniales françaises à Thiaroye, près de Dakar, le 1er décembre 1944, un acte qualifié de façon « très claire » et « sans ambiguïté ». Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé, jeudi 28 novembre, que son homologue français Emmanuel Macron avait reconnu dans une lettre que les forces coloniales françaises avaient commis un « massacre » à Thiaroye, près de Dakar, le 1er décembre 1944.

Les tombes des Tirailleurs sénégalais tués le 1er décembre 1944 par l'armée française, au cimetière militaire de Thiaroye à Dakar, le 26 novembre 2024.
Les tombes des Tirailleurs sénégalais tués le 1er décembre 1944 par l’armée française, au cimetière militaire de Thiaroye à Dakar, le 26 novembre 2024. © Seyllou, AFP

« J’ai reçu aujourd’hui (jeudi) du président Emmanuel Macron une lettre dans laquelle il reconnaît que c’était un massacre, de façon très claire, sans ambiguïté sur les termes », a dit Bassirou Diomaye Faye au palais présidentiel. « La France a reconnu ce massacre comme elle ne l’a jamais fait. »

Bassirou Diomaye Faye a envisagé la possibilité d’une future demande d’excuses de la part de la France. « Reconnaître qu’on a perpétré un massacre, évidemment, doit avoir comme incidence de s’amender. Sans être dans la surenchère, nous pensons que de façon naturelle, c’est ce qui doit suivre », a-t-il estimé.

L’approche du 80e anniversaire des événements de Thiaroye a vu proliférer les griefs à l’encontre de l’ancienne puissance coloniale, les accusations de dissimulation de l’Histoire et les demandes de reconnaissance.

L’ancien président français François Hollande avait parlé en 2012 et 2014 au Sénégal de « répression sanglante ».

Dans sa lettre – dont l’AFP a consulté le contenu –, Emmanuel Macron a invoqué les relations « d’amitié et de fraternité » entre les deux pays, et le devoir réciproque de « vérité et justice ».

« Ainsi devons-nous regarder les événements survenus à Thiaroye le 1er décembre 1944. De ce point de vue, la France se doit de reconnaître que ce jour-là, la confrontation de militaires et de tirailleurs qui exigeaient que soit versée l’entièreté de leur solde légitime, a déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre », a-t-il écrit.

Emmanuel Macron dit « regretter » de ne pouvoir prendre part aux commémorations de dimanche, lors desquelles la France sera représentée par son ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il insiste sur la poursuite par la France de la coopération avec les historiens et les chercheurs sénégalais pour établir les faits.

Des zones d’ombre persistent

De nombreuses zones d’ombre subsistent sur les circonstances de la tuerie, le nombre de morts ou la localisation des corps.

Plus de 1 600 tirailleurs – d’anciens prisonniers de guerre des Allemands qui avaient participé aux combats de 1940 – avaient été rassemblés à Thiaroye fin 1944. Le 1er décembre, deux semaines après leur arrivée dans le camp et alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs arriérés de soldes et diverses primes et indemnités de combat, les forces coloniales leur ont tiré dessus.

Les autorités françaises de l’époque avaient admis la mort d’au moins 35 personnes. Plusieurs historiens avancent un nombre de victimes bien plus élevé, jusqu’à plusieurs centaines.

« Ces braves hommes ont été massacrés alors qu’ils étaient désarmés. Leur seul tort a été de réclamer des pécules comme ils en avaient le droit, à l’image de leurs frères d’armes français », a dit Bassirou Diomaye Faye. « Ils n’ont pas reçu des pécules. Ils ont reçu des balles. Ce n’est pas parce qu’ils ont reçu des balles que ces pécules ne sont plus dus. Ils restent dus, à ces hommes de Thiaroye comme ils ont été payés à leurs frères d’armes français. »

Le président sénégalais a salué le fait que, selon lui, « la France collabore parfaitement avec le comité envoyé (en France par le Sénégal) pour l’exploitation des archives qui n’ont pas été jusqu’ici ouvertes ». « Nous sommes en train de faire des pas de géants dans la manifestation de la vérité quant aux circonstances de ce massacre », a-t-il déclaré.

Avec AFP

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