L’Europe identifie près de 100 projets de co-investissement en Afrique dans les matériaux critiques
Initié en 2022 au sein du programme cadre de recherche Horizon, le projet « AfricaMaVal » livre peu à peu ses pistes d’investissement potentielles dans le secteur minier. Piloté depuis sa création par le BRGM (sélectionné sur appel d’offres), AfricaMaVal vise à identifier les possibilités sérieuses de co-investissement entre les acteurs européens et africains dans le secteur des matériaux et métaux critiques. Il est pour cela doté d’un budget de 7,26 millions d’euros courant du 1er juin 2022 au 30 novembre 2025.
Les experts à l’œuvre sont issus d’un large panel de 18 institutions techniques ou de recherche venant de onze pays en Europe et en Afrique, dont par exemple le Laboratório Nacional de Energia e Geologia portugais, l’institut fédéral allemand BGR ou la Namibia University of science and Technology. Les partenaires du programme ont déjà formalisé plus de quatre-vingt-dix possibilités de co-investissement par des opérateurs européens, soit un quasi-carton plein, la cible étant fixée symboliquement à 100.
En la matière, dix pays africains connus pour leurs ressources, dont certaines restent peu exploitées, font figure de pays pilote dans le cadre du programme : Maroc, Sénégal, Afrique du Sud, Zimbabwe, Madagascar, Mozambique, Namibie, Gabon, Tanzanie, sans oublier la RD Congo. Le Rwanda et le Ghana ont aussi été inclus dans la liste des pays ciblés. Quant à l’Ouganda, il recèle à lui seul près de vingt projets identifiés grâce à l’appui de la MADI (Minerals Africa Development Institution) basée à Kampala, un des instituts participants à AfricaMaVal. Pour chaque pays, les experts d’AfricaMaVal entendent établir une monographie détaillée rappelant les profils géologiques de chaque pays, les ressources déjà exploitées, les contraintes (infrastructures, énergie…), le régime fiscal, les acteurs en place et surtout les cibles de développement et partenaires possibles. La publication de ces études de cas est déjà effectuée pour 10 pays à ce jour, dont le Mozambique, le Gabon, le Sénégal, et la Namibie, sans parler du Maroc. Parmi les ressources potentielles listées au fil de ces rapports, on peut citer la potasse au Maroc, le titane et le vanadium au Mozambique, les terres rares au Gabon, le lithium en RD Congo ou encore le manganèse en Namibie. A noter que ces projets sont, pour une partie d’entre eux, identifiés de longue date par les opérateurs miniers mais ils souffrent, soit d’un manque d’intérêt des investisseurs, soit d’une faible volonté politique, soit de difficultés techniques ou économiques dans leur mise en œuvre ou encore de contraintes fortes, par exemple en termes de logistique.
Le lancement du programme AfricaMaVal s’inscrit dans le cadre d’une prise de conscience par l’Union européenne de sa fragilité au plan mondial en termes d’approvisionnement en matériaux critiques. Une réflexion qui conduit notamment à la publication régulière, depuis plus de dix ans, d’une liste desdits matériaux critiques et s’est traduite aussi par un plan d’action en 2020, ce à quoi s’est ajouté, depuis, un réglement ad hoc publié le 11 avril 2024 dont l’objectif est de garantir un approvisionnement « sûr et durable » des 27 en matières premières sensibles. En ce sens, les projets cernés par AfricaMaval seront soumis à la Commission européenne avant la fin du programme en 2025. Reste à trouver les entrepreneurs audacieux… et les capitaux…