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Sénégal: le président Bassirou Diomaye Faye procède à de vastes changements dans la magistrature

Chamboulement dans la magistrature au Sénégal. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a procédé ce vendredi 11 août 2024 à de vastes changements dans les différentes juridictions du pays. Plusieurs magistrats qui étaient impliqués dans le dossier de viol supposé sur une masseuse, impliquant alors l’ancien opposant Ousmane Sonko, ont été mutés loin de Dakar.

Le Palais de justice de Dakar, le 9 juin 2023.
Le Palais de justice de Dakar, le 9 juin 2023. © David Baché / RFI
Avec notre correspondant à Dakar, Birahim Touré…

Doyen des juges d’instruction au tribunal de grande instance hors classe de Dakar, Oumar Maham Diallo muté à Tambacounda comme président de chambre. Abdou Karim Diop, procureur de la république, qui avait poursuivi Ousmane Sonko pour divers délits dont « association de malfaiteurs » et « vol », nommé avocat général à la cour d’appel de Tambacounda. Il y sera aux côtés de Mamadou Seck, précédemment juge au tribunal de grande instance de Dakar.

Tous ont comme dénominateur commun d’avoir hérité du dossier dit « Sweet Beauty » cette affaire de viol présumé par Ousmane Sonko sur une masseuse à Dakar en 2021 et qui avait provoqué des émeutes meurtrières au Sénégal. Alors leader de l’opposition, Ousmane Sonko avait clamé son innocence malgré sa condamnation pour « corruption de la jeunesse ». 

Le conseil supérieur de la magistrature, présidé par Bassirou Diomaye Faye, a décidé de leur mutation en les envoyant à près de 500 km de Dakar, dans la région orientale de Tambacounda, connu pour ses piques de chaleur pouvant atteindre 43 °C en été.

Des magistrats ont été par contre promus. L’exemple du désormais célèbre Sabassy Faye, qui avait demandé la réintégration d’Ousmane Sonko dans les listes électorales. Il quitte Ziguinchor dans le sud pour Fatick au centre du Sénégal au poste de président du tribunal de grande instance. Devenu Premier ministre depuis la présidentielle du 24 mars, Ousmane Sonko tiendrait là sa revanche, selon certains.

La Crei remplacé par un pool judiciaire financier

Le pool judiciaire financier va désormais remplacer la cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Cette juridiction a été dotée de magistrats au cours du conseil supérieur de la magistrature présidé par le chef de l’État. Des magistrats qui seront chargés de traquer les délinquants financiers. Ils sont 27 magistrats hommes et femmes repartis en 5 groupes sous la houlette du procureur de la république financier El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla anciennement avocat général près de la Cour suprême. Leur tâche est claire : traquer les délinquants financiers.

Une bonne chose selon l’APR, l’ancien parti présidentiel, aujourd’hui dans l’opposition qui soupçonne malgré tout une prochaine chasse aux sorcières sous le prétexte de reddition des comptes.

Le texte rappelle que le président de la République avait annoncé, avant la réunion du conseil supérieur de la magistrature, qu’il a fait faire des enquêtes sur les magistrats devant être nommés. L’opposition estime que c’est une manière de se choisir ses propres magistrats, ce qui est un pied de nez à l’indépendance de la justice. Ibrahima Hamidou Deme, ancien magistrat et candidat recalé de la dernière présidentielle, lui trouve normale la reddition des comptes, mais se désole que l’exécutif décide toujours de la carrière des magistrats.

Dans un tweet, Ousseynou Ly, porte-parole de la présidence, ironise et dit que si dans cet exercice tout aussi normal, on y voit une prétendue « chasse aux sorcières » c’est parce qu’on se considère « sorcière ».

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