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Migration circulaire en Espagne : Des Sénégalais exploités dans les champs d’Albacete.

Le Sénégal et le Royaume d’Espagne ont signé une convention dans le cadre de la migration circulaire pour mieux gérer les flux migratoires entre les deux pays. La migration circulaire permet aux travailleurs migrants de se déplacer de manière temporaire et répétée entre leur pays d’origine et le pays d’accueil, souvent en fonction des besoins saisonniers ou des projets spécifiques.

L’un des principaux objectifs de cette convention est de faciliter et de réguler les mouvements de travailleurs entre le Sénégal et l’Espagne. Ce cadre vise à contribuer au développement économique des deux pays en répondant aux besoins de main-d’œuvre spécifiques de l’Espagne, tout en offrant des opportunités d’emploi aux Sénégalais. La convention prévoit également des programmes de formation et de développement des compétences pour les travailleurs migrants, augmentant ainsi leur employabilité. En encourageant des voies légales et sûres pour la migration, elle vise à réduire les risques associés à l’immigration clandestine.

Bien que les résolutions de cette convention soient ambitieuses et nobles, il faut reconnaître que la gestion de la migration manque de transparence et cache bien des réalités. Initialement, les BAOS (Bureaux d’Accueil et d’Orientation) étaient les points focaux des recrutements, avec pour mission de recruter 10 personnes chacun. Cependant, le manque de transparence a entravé leur travail, et à l’arrivée certains bureaux comme ceux de Kédougou et Tambacounda se sont retrouvés avec zéro candidat recruté. Un scandale qui ne dit pas son nom.

Arrivés en Espagne depuis le 2 mai dernier, 145 jeunes sénégalais sélectionnés dans le cadre de cette migration sont en train de souffrir le martyr.

En raison d’une mauvaise gestion, nos compatriotes sont surexploités, travaillant plus de 10 heures par jour pour se retrouver avec seulement moins de 200 euros (130 000 f CFA) après 18 jours de travail (du 13 au 30 mai 2024), ce qui constitue une véritable violation du code du travail en Espagne.

Cette situation a créé de vives tensions dans les champs d’Albacete, entraînant une intervention musclée de la garde civile dans la nuit de dimanche à lundi dernier. Cette intervention a conduit à l’arrestation du responsable de l’entreprise Frutalinda et de notre compatriote Issa Mbaye libéré après 48 heures de détention. Ils sont accusés d’avoir reçu de l’argent des jeunes candidats pour venir en Espagne et de ne pas leur verser leurs salaires comme il se doit.

Selon nos sources, l’Espagne s’était engagée à couvrir les frais d’hébergement et de transport de ces jeunes, et ceux-ci ne devaient donc payer aucune commission.

Interpellées sur la situation de ces jeunes Sénégalais aujourd’hui dans la tourmente les autorités diplomatiques et consulaires surveillent attentivement la situation en attendant les résultats des enquêtes menées par la garde civile espagnole. De plus, le Consul général se rendra à Albacete ce Jeudi pour évaluer personnellement la situation.

Une chose est sûre, cette situation est la résultante de la gestion opaque de la migration circulaire. Une synergie des efforts pour une meilleure gestion de celle-ci s’impose, en mettant de côté le clientélisme et les quotas des uns et des autres. Il est fondamental de renforcer la transparence et l’équité dans les processus de recrutement et de gestion des travailleurs migrants. En impliquant davantage les communautés de la diaspora et en assurant une meilleure coordination entre les autorités sénégalaises et espagnoles, il est possible de créer un système de migration circulaire qui profite réellement aux travailleurs et aux économies des deux pays.

Cette affaire souligne la nécessité urgente de revoir les mécanismes de gestion de la migration circulaire pour garantir la protection des droits des travailleurs migrants et favoriser un développement économique mutuellement bénéfique.

Une approche plus inclusive et transparente, impliquant toutes les parties prenantes, peut contribuer à établir des pratiques équitables et durables dans la gestion de la migration entre le Sénégal et l’Espagne.

MOMAR DIENG DIOP /ESPAGNE.

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