L’UE alloue 201 millions d’euros d’aide humanitaire aux pays du Sahel et du lac Tchad en Afrique
La Commission accorde 201 millions d’euros d’aide humanitaire de l’UE pour répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables touchées par la crise humanitaire au Burkina Faso, au Cameroun, au Tchad, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Nigeria. Cette annonce intervient à l’occasion de la réunion des hauts fonctionnaires sur le Sahel et le lac Tchad, à laquelle a participé aujourd’hui le commissaire Janez Lenarčič à Bruxelles.
Le financement soutiendra la sécurité alimentaire et l’aide à la lutte contre la malnutrition, les soins de santé et la protection, l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène, la mise à disposition d’abris et les activités éducatives, ainsi que le transport de travailleurs humanitaires et de fournitures vers des lieux éloignés et difficilement accessibles. La réponse de l’UE en matière d’aide humanitaire continuera de se concentrer sur les pays et les zones directement touchés par l’insécurité et les conflits en cours, y compris les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest qui subissent déjà par les conséquences de la crise au Sahel central. Le financement global soutiendra des projets humanitaires dans les pays suivants:
– Burkina Faso (26,9 millions d’euros);
– Cameroun (21 millions d’euros);
– Tchad (57,9 millions d’euros, y compris les 8,7 millions d’euros nouvellement alloués en réponse aux conséquences du conflit au Soudan sur les pays voisins et 3,1 millions d’euros supplémentaires pour soutenir une opération de pont aérien humanitaire de l’UE dans l’est, en plus des 45,3 millions d’euros initialement annoncés par le commissaire Lenarčič lors de sa visite dans le pays à la fin du mois de janvier 2024);
– Mali (24 millions d’euros);
– Mauritanie (5,7 millions d’euros, y compris le renforcement de 3 millions d’euros alloué en janvier 2024 en réponse au nombre croissant de réfugiés maliens en Mauritanie);
– Niger (24,6 millions d’euros);
– Nigeria (31,5 millions d’euros).
Le financement soutient également la réaction aux épidémies et aux mouvements de population, en allouant 2,4 millions d’euros par l’intermédiaire de la boîte à outils d’urgence, un instrument d’aide aux crises soudaines spécifiquement consacré à la réaction d’urgence en faveur des personnes vulnérables en dehors de l’UE.
Contexte
La situation humanitaire de la population dans les pays du Sahel et du lac Tchad est alarmante. En 2024, plus de 35 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire dans l’ensemble du Burkina Faso, du Cameroun, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Nigeria. Cela représente une personne sur cinq dans les pays du Sahel central (Burkina Faso, Mali, Niger). Malgré cela, cette crise reste largement sous-financée: en 2023, les appels humanitaires pour les trois pays du Sahel central n’ont reçu qu’un tiers environ des fonds nécessaires.
L’insécurité et la violence sont les principales causes de la crise humanitaire, avec de multiples conséquences sur le plan de la protection des personnes touchées, mais aussi sur leur sécurité alimentaire, sur les déplacements forcés ou sur le fonctionnement des services de base.
La crise alimentaire et nutritionnelle est l’une des conséquences négatives majeures des conflits armés en cours. Dans les deux régions, plus de 46 millions de personnes devraient se trouver en état de crise alimentaire entre juin et août 2024. Cette tendance inquiétante concerne à la fois l’ampleur de la crise alimentaire et sa gravité, avec une augmentation de 105 % du nombre de personnes en situation de crise alimentaire par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Une autre dimension préoccupante de la crise humanitaire tient au nombre de personnes contraintes de fuir leur lieu d’origine: les pays du Sahel et du lac Tchad accueillent aujourd’hui plus de dix millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et de réfugiés. Les nombreuses attaques contre des civils ont entraîné une augmentation des déplacements forcés et ont également des répercussions sur l’éducation. En mars de cette année, plus de 12 000 écoles avaient été fermées en raison de l’insécurité, touchant plus de 2,2 millions d’enfants.
L’acheminement de l’aide et l’accès aux populations locales dans les zones de conflit restent limités. Les règles imposées par les groupes armés non étatiques et par les forces armées régulières entraînent souvent un refus d’accès, des restrictions à la circulation des civils, des obstacles bureaucratiques, des détentions arbitraires de personnel humanitaire, des enlèvements et d’autres formes de représailles. La communauté humanitaire est toujours présente, mais l’aide humanitaire fournie n’est pas suffisante pour répondre aux besoins et la capacité des acteurs humanitaires à fournir une aide vitale est, dans certains cas, également entravée par les réglementations nationales. Ce sont l’aide humanitaire et l’aide au développement qui devront répondre aux besoins.