Législatives en Afrique du Sud : l’opposition promet la fin du règne de l’ANC aux élections
L’opposition en Afrique du Sud a promis devant ses partisans de détrôner l’ANC aux élections législatives de mercredi. Le parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid risque d’enregistrer un recul historique à l’issue du scrutin annoncé comme le plus disputé des trente dernières années.
À l’approche des élections législatives en Afrique du Sud, organisées mercredi 29 mai, l’opposition a promis devant ses partisans de détrôner l’ANC à ce scrutin. Le parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid risque d’enregistrer un recul historique pour des élections qui s’annoncent comme les plus disputées des trente dernières années.
Dans un stade de Benoni, près de Johannesburg, plusieurs milliers de partisans arborant T-shirts, drapeaux et parasols flanqués du slogan « Sauvons l’Afrique du Sud » ont participé dimanche au dernier meeting de l’Alliance démocratique (DA).
« Mercredi, l’ANC perdra la majorité dont il a abusé pendant des décennies, la majorité qu’il a utilisée pour plonger ce pays dans le chômage, la corruption et la mauvaise gestion », a promis le chef de la DA, John Steenhuisen, 48 ans.
« Nous mettrons fin mercredi au règne de l’ANC et un nouveau chapitre s’ouvrira pour le pays », a poursuivi dans un discours mêlé de quelques mots en langue locale le leader du mouvement libéral crédité d’environ 25 % des intentions de vote, mais encore largement perçu comme un parti blanc.
« Que les choses changent, je suis fatiguée des mensonges »
Le 29 mai, 27,6 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour choisir 400 députés, qui désigneront ensuite le prochain président. Une cinquantaine de partis sont en lice.
De nombreux électeurs sont partagés : ils pourraient se détourner du parti historique, tiraillés entre leur loyauté pour le Congrès national africain (ANC) – qui a libéré le pays du joug de l’apartheid – et une désillusion grandissante – nourrie par un chômage endémique, des pénuries d’eau et d’électricité – trente ans après l’avènement de la démocratie sud-africaine.
La multiplication des affaires de corruption impliquant des figures de l’ANC a aussi profondément entamé la confiance des électeurs. Et le parti risque, pour la première fois, de perdre sa majorité absolue au Parlement, oscillant entre 40 % et 46 % des voix dans les sondages.
« Je suis ici pour que mes petits-enfants et mes arrière-petits-enfants aient un avenir meilleur », explique à l’AFP Ann, boulangère de 69 ans, installée au pied d’une scène où des artistes locaux ont interprété des morceaux de musique country, mais aussi d’amapiano lors du meeting de la DA.
« Je veux que les choses changent, je suis fatiguée des mensonges », a renchéri Maria, 42 ans, mère de trois enfants au chômage.
L’ANC défend son bilan, Jacob Zuma en embuscade
Le même jour, le sulfureux ex-président Jacob Zuma (2009-2018) s’est exprimé devant les partisans de son nouveau parti dans la province rurale du Mpumalanga, bastion traditionnel de l’ANC.
Sa formation baptisée Umkhonto We Sizwe (MK) pourrait rafler jusqu’à 14 % des voix, selon des enquêtes d’opinion. Même si l’ancien pilier de l’ANC de 82 ans, au départ candidat à un siège de député, a été déclaré inéligible à quelques jours du scrutin en raison d’une condamnation à la prison en 2021. Sa photo apparaîtra toutefois sur les bulletins de vote déjà imprimés.
« Nous allons le prendre, le pays, en raflant la majorité des deux-tiers et le transformer pour en faire quelque chose de meilleur », a assuré Jacob Zuma.
Dans une adresse à la Nation, transmise à la télévision dimanche soir, le président Cyril Ramaphosa a une nouvelle fois souligné les accomplissements de l’ANC et les progrès apportés depuis la fin de l’apartheid aux 62 millions de Sud-Africains, en termes d’éducation, de lutte contre les violences faites aux femmes ou contre la corruption.
Samedi, lors du dernier rassemblement du parti historique dans un énorme stade de Johannesburg qui n’a pas fait le plein, le chef d’État de 71 ans, qui compte sur un second mandat, a assuré que la victoire est inéluctable.
Mais « un amour qui ne fonctionne pas doit cesser. L’ANC a eu sa chance et a échoué », constate Isaac Tembo, un chômeur de 66 ans, lui aussi dans les rangs de la DA dimanche.
En passant sous la barre des 50 %, l’ANC serait contraint à nouer des alliances. Les observateurs prédisent des négociations serrées dans les jours suivant le vote autour de la formation d’un prochain gouvernement de coalition.
Avec AFP