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En Afrique de l’Ouest, le trafic de médicaments gagne du terrain

Le trafic de médicament en Afrique de l’Ouest atteindrait environ un milliard de dollars chaque année. C’est ce que révèle un récent rapport de la Cédéao. Certains pays comme la Guinée ont engagé une lutte contre le trafic de produits médicaux. Mais les filières bien organisées continuent de se développer.

Des employés du ministère de la Santé vident une boutique de faux médicaments sous les yeux de la police, à Abidjan, le 3 mai 2017.
Des employés du ministère de la Santé vident une boutique de faux médicaments sous les yeux de la police, à Abidjan, le 3 mai 2017. © ISSOUF SANOGO / AFP

De notre envoyé spécial,

Les grossistes illicites, acteurs clé de la chaîne du trafic, sont nombreux et font transiter de plus en plus de références, explique le rapport de la Cédéao coécrit par Flore Berger, spécialiste de la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest.

« C’est une personne, par exemple, qui est basée au Burkina ou en Guinée et qui est vraiment au centre du trafic. Dans le sens où il est connecté aux fabricants des laboratoires, en Chine ou en Inde, mais aussi aux distributeurs, dans les dépôts privés ou des pharmacies, ou dans les marchés de rue. C’est vraiment la personne qui opère en toute impunité et qui permet à des containers entiers d’arriver dans le pays sans être inquiétée de passer les frontières, etc. »

Production, distribution, ventes… Les détournements ont lieu à tous les stades. Les chaînes d’approvisionnement des marchés licites et illicites sont tellement liées qu’un médicament peut passer de l’un à l’autre plusieurs fois avant d’être consommé.

En Guinée, la lutte contre le trafic de médicaments est devenue une des priorités du pouvoir. La brigade médicrime procède à la fermeture des pharmacies clandestines. Selon Manizé Kolié, secrétaire général du syndicat des pharmaciens guinéens, les effets de cette répression sont perceptibles : « Il y a une amélioration de la situation, c’est indiscutable. Car hier, la Guinée était la plaque tournante de la distribution des médicaments dans la sous-région et même au-delà. Aujourd’hui, beaucoup qui se sont reconvertis. »

Quelles solutions pour réduire la corruption ?

Selon le rapport, la centralisation des achats et la réduction du nombre de grossistes permettraient de diminuer fortement les risques de corruption et de détournements des médicaments. C’est ce que réalise le Burkina Faso, la Guinée également, qui est passée de 150 à 10 importateurs privés depuis deux ans.

Pour Manizé Kolié, cela permettra aussi de réduire le coût des médicaments vendus sur le marché licite : « Plus vous achetez, plus vous allez demander des réductions qui vont se répercuter sur le prix du coût chez le consommateur. C’est tout à fait possible de baisser les prix des médicaments et que les soins ne soient plus en souci. Chez moi, en tout cas en Guinée, on peut le réussir. »

L’efficacité des trafiquants et leurs réponses rapides aux fortes demandes selon les saisons ne sont pas simples à déjouer. Au Sahel, à cause de l’insécurité, l’offre légale recule, et le trafic organisé en profite, aggravant un peu plus ce problème sanitaire. En Afrique de l’Ouest, 48% du marché des antipaludiques proviendrait de sources illicites.

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