Bruxelles : La Commission fournit une aide financière à des pays tiers tels que la Libye, la Turquie, l’Égypte, la Tunisie et le Maroc
Par Mared Gwyn Jones & Sandor Zsiros •
Les membres du Parlement européen se prononceront jeudi sur une motion qui appelle à une nouvelle mission de recherche et de sauvetage en Méditerranée à l’échelle européenne.
Selon le projet de motion vu par Euronews, les eurodéputés souhaitent que de nouvelles opérations de recherche et de sauvetage soient mises en œuvre par les 27 et Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, « en l’absence d’actions suffisantes de la part des Etats membres« .
Cette demande intervient un mois après le naufrage au large des côtes grecques d’un bateau qui transportait environ 750 migrants. Cette tragédie est l’une des plus meurtrières en Méditerranée. La lenteur et le manque de coordination des autorités grecques et de Frontex font l’objet d’un examen minutieux, et de nombreux députés européens réclament une enquête indépendante.
Le texte est proposé par une large coalition politique qui comprend le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes et Démocrates (S&D), Renew Europe, les Verts et la gauche radicale GUE.
« Depuis 2014, plus de 27 000 personnes sont mortes ou portées disparues en Méditerranée. La situation est honteuse. Sans les sauveteurs civils en mer, qui sauvent des vies chaque jour, il y aurait beaucoup plus de morts« , dénonce la parlementaire Cornelia Ernst (GUE).
« L’UE et ses Etats membres laissent faire, construisent des murs, financent des clôtures et évitent même de secourir les personnes en détresse. Nous avons besoin d’une opération de recherche et de sauvetage coordonnée et financée par l’UE et des routes légales vers l’Europe« , ajoute-t-elle.
Le projet de motion demande également à la Commission européenne d’évaluer si les États membres ont violé le droit communautaire et international en procédant à des refoulements de migrants.
La Commission n’a pas de pouvoirs d’investigation, de telles enquêtes sont menées par les autorités nationales.
Elle a récemment averti qu’elle pourrait prendre des mesures formelles en réponse aux allégations de refoulements illégaux de migrants par les autorités grecques. De plus, un rapport de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) a révélé que Frontex avait couvert des refoulements illégaux par Athènes entre 2020 et 2021.
Le texte de la résolution, qui sera débattu mercredi avant le vote de jeudi, exhorte les pays de l’UE à « maintenir leurs ports sûrs, les plus proches, ouverts aux navires des ONG et à ne pas criminaliser ceux qui fournissent une assistance aux migrants en détresse« . Cette mention vise directement la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, qui veut empêcher les bateaux humanitaires d’accoster dans les ports italiens.
Le projet de motion accuse aussi explicitement les autorités libyennes de transférer les migrants interceptés dans des centres de détention, où ils sont exposés « à la torture et à d’autres mauvais traitements, y compris le viol« . Il précise que la Libye « ne répond pas souvent aux appels de détresse, a empêché les navires des ONG de sauver des vies et a mis des vies en danger lors du sauvetage ou de l’interception de personnes en mer« .
Les résolutions du Parlement européen ne sont cependant pas juridiquement contraignantes.
Au cours du week-end, des informations sont apparues selon lesquelles un garde-côte libyen utilisant un bateau financé par l’UE aurait tiré sur un navire humanitaire effectuant des opérations de sauvetage. En réponse à ces soupçons, un porte-parole de la Commission européenne a déclaré lundi qu’une enquête était en cours auprès des autorités tunisiennes et italiennes compétentes.
La Commissaire européenne en charge des Affaires intérieures, Ylva Johansson, a récemment reconnu que des groupes criminels avaient infiltré les garde-côtes libyens.
La Commission fournit une aide financière à des pays tiers tels que la Libye, la Turquie, l’Égypte, la Tunisie et le Maroc afin d’endiguer les flux migratoires. Le projet de texte demande des informations plus complètes sur le niveau de soutien fourni à ces pays et l’évaluation des allégations de violations des droits de l’homme.