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Tunisie: une messe avec les migrants à Tunis pour apporter de l’apaisement

En Tunisie, les violences et les arrestations contre les migrants subsahariens ont diminué, un mois après les propos polémiques du président Kaïs Saïed. Après un retour au calme relatif, ceux qui ont choisi de rester en Tunisie tentent de reprendre leurs habitudes, malgré leurs conditions de vie précaires. La messe du dimanche, pour une partie de la communauté migrante catholique, apporte un apaisement. Du fait du modus vivendi entre l’Église et l’État en vigueur dans le pays depuis l’indépendance, les représentants cléricaux ne peuvent pas intervenir dans la politique, mais ils tentent d’aider comme ils peuvent les paroissiens en situation de détresse.

Lors de la messe célébrée à la cathédrale Saint-Paul, dans le centre de Tunis, le 19 mars 2023
Lors de la messe célébrée à la cathédrale Saint-Paul, dans le centre de Tunis, le 19 mars 2023 © Lilia Blaise / RFI

De notre correspondante à Tunis,

À l’église Saint-Cyprien de Carthage, Prisca Barachi, 23 ans, étudiante congolaise, savoure la messe du dimanche 19 mars, trois semaines après les propos du président Kaïs Saïed. Comme d’autres migrants subsahariens, elle a eu peur, face aux témoignages d’agressions et aux nouvelles de rapatriement de nombreux migrants dans leurs pays. « Venir à l’église, ça nous a permis de nous retrouver en communauté, de voir les autres et de savoir que ça va, que je peux compter sur des gens », explique Prisca Barachi.

Justine, Ivoirienne de 40 ans, installée depuis dix ans en Tunisie, mais sans carte de séjour, n’a pas été expulsée de chez elle, car elle avait un contrat de location, mais elle a ressenti le changement dans le regard des gens. « Ça m’a cassé le moral franchement », souffle-t-elle.

Justine n’est pas venue assister à la messe pendant deux semaines, par peur de se faire agresser en chemin. « On a dit “Dieu est partout”, donc on a écouté les messes en ligne, tranquille. C’est la première fois que je reviens après les évènements quoi. Le temps de laisser les choses se calmer, comme ça on sort plus librement quoi », ajoute-t-elle.

À la question de savoir si cela lui a fait du bien de revenir, Justine répond : « Oui, ça nous a fait du bien, parce qu’en tant qu’enfant de Dieu, c’est la Bible, la parole de Dieu qui nous rend fort en fait. »

Le temps de l’apaisement

Pour le père Jawad, qui a officié la messe, le temps est à l’apaisement, surtout avec le début du mois de ramadan, une période de solidarité. « Il n’y a pas eu que de mauvaises choses. Il y a des Tunisiens qui étaient aussi très proches de nous, qui nous ont conseillés qui nous ont aidés. Il y a eu beaucoup de solidarité aussi », tient à signaler l’homme d’Église.

À la cathédrale Saint-Paul, dans le centre-ville de Tunis, une grande partie de la communauté subsaharienne est également revenue. Un bon signe pour le père Sylvio qui dit compter entre 300 et 400 paroissiens subsahariens réguliers. « On a eu beaucoup de paroissiens qui ont subi des violences, bien-sûr et puis je me suis rendu dans les maisons où ils habitaient et j’ai vu de mes propres yeux tout ce qui leur était arrivé », déclare-t-il.

Le père Sylvio tente de sensibiliser sur la problématique migratoire en Tunisie. « Là, nous avons aussi entamé des contacts avec des diocèses en Afrique pour expliquer la réalité. Leurs curés ou leurs évêques pourraient leur dire “sachez que là-bas, ce n’est pas un paradis non plus », explique-t-il.

Pour la fin de la période du carême, le père Sylvio va mettre à contribution les fidèles de la cathédrale pour aider les migrants qui sont encore dans une situation précaire face à la perte de leur logement ou de leur travail.

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