Le porte-parole du gouvernement du Burkina Faso a confirmé, lundi 23 janvier 2023, que les autorités burkinabè ont demandé le départ des troupes françaises basées dans le pays, dans un délai d’un mois. Que vont devenir les soldats de cette force Sabre ? Eléments de réponse.
Depuis 2009, la base arrière de Sabre est à Kamboinsin près de Ouagadougou. Un camp pour un effectif de 400 soldats. Kamboinsin est idéalement situé pour rayonner dans la bande sahélo-saharienne et plus précisément dans la zone des trois frontières, épicentre de la lutte contre les groupes armés terroristes.
Réduction du théâtre d’opérations
Mais, depuis la fin de Barkhane et le départ du Mali, le théâtre d’opération s’est considérablement réduit : l’armée française a basculé plus à l’est, au Niger. Avec Paris, Niamey a conclu un partenariat militaire opérationnel pour agir dans une zone limitée, le Liptako nigérien seulement.
Sécuriser la frontière entre le Mali et le Niger contre les incursions notamment de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), c’est la principale mission. Deux mille soldats français sont stationnés au Niger, et cet effectif ne devrait pas bouger malgré la réarticulation en cours.
Installer donc, dans le Liptako nigérien, une partie des forces spéciales, un petit contingent, aurait du sens d’un point de vue opérationnel. Mais la difficulté de cette manœuvre est aujourd’hui avant tout logistique : un mois pour un tel déménagement et surtout un rapatriement du gros des troupes, c’est court… Trop court disent les experts.
La discrétion c’est l’ADN des forces spéciales. Mais les objectifs de la Task force Sabre sont connus : neutraliser les chefs des katibas terroristes. Et au Sahel, le bilan de la Force Sabre est important. Exemple : le 3 juin 2020 près de Tessalit, ces forces spéciales éliminent Abdelmalek Droukdel, l’émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Le 17 août 2021, dans la forêt de Dangarous, toujours au Mali, les hommes de Sabre neutralisent Abou Walid Al Sahraoui, chef historique de l’EIGS. A chaque fois ou presque, ces commandos opèrent avec l’appui de drones ou d’avions de chasse. Mais le succès de ces missions repose sur leur capacité à s’infiltrer, à se fondre dans le décor, parfois pendant des jours, pour au moment opportun guider les frappes, puis donner l’assaut. Les forces spéciales sont là pour obtenir un effet majeur, parfois même stratégique, en n’engageant qu’un petit nombre d’hommes. « Faire autrement » est leur devise. Cela exige d’être agile, de maitriser le renseignement et de rester sous les radars. Raison pour laquelle la Force Sabre, bien que présente au Sahel depuis 2009, est toujours restée dans l’ombre.