La MONUSCO a procédé ce 18 janvier à l’évacuation vers Goma des personnes grièvement blessées lors de l’attentat à la bombe perpétré dans une église pentecôtiste à Kasindi à la frontière avec l’Ouganda dans le territoire de Beni au Nord-Kivu.
Au total, six personnes ont été évacuées par des hélicoptères de la mission onusienne de Beni vers Goma. Elles étaient soignées jusque-là à l’hôpital général de Beni où elles avaient été évacuées une première fois depuis Kasindi, le 16 janvier. Parmi ces blessés, on compte trois femmes.
Le médecin-directeur de l’hôpital général de Beni, le docteur Jérémie Muhindo, soutient que son établissement connaît actuellement une « saturation ». C’est ce qui a conduit à la décision d’envoyer certains blessés à Goma pour leur prise en charge. Il annonce que d’autres blessés doivent arriver de Kasindi et dit avoir sollicité la MONUSCO pour prendre en charge certains d’entre eux dans son hôpital de Mavivi.
Quarante-huit heures après l’attentat, une délégation de la MONUSCO, avec à sa tête le chef de bureau à l’intérim Abdourahamane Ganda, s’est rendue à l’hôpital général de référence de Beni où sont pris en charge 24 blessés, rescapés de l’attentat de Kasindi.
Au cours d’un échange avec le leadership, personnels soignants et médecins de cet hôpital, le chef de bureau intérimaire a réitéré l’appui de la MONUSCO pour faire face aux urgences qui s’imposent dans la prise en charge des blessés.
Après l’échange avec l’équipe dirigeante de l’hôpital, Abdourahamane Ganda, au nom de la Représente spéciale du Secrétaire général de Nations Unies, en RDC, et de l’ensemble du personnel de la MONUSCO, a salué la mémoire des personnes qui ont perdu la vie dans cet attentat.
« Nous sommes venus ici aujourd’hui pour deux raisons : réconforter les blessés et encourager les autorités sanitaires qui s’occupent d’eux. Puis évaluer avec elles d’éventuels besoins additionnels auxquels nous pourrions contribuer », a-t-il déclaré.
Capacité d’accueil dépassée
L’hôpital général de référence de Beni, seul établissement de la ville capable de prendre en charge les blessés graves, dit avoir atteint et même dépassé sa capacité d’accueil, malgré l’appui de certains partenaires. L’offre d’appui de la MONUSCO est donc arrivée à point nommé. Rassurant, le docteur Franck Fikiri, médecin-directeur, a saisi cette opportunité pour également faire état des besoins actuels de l’institution qu’il dirige :
« Quand bien même nous bénéficions de l’appui de certains partenaires, les besoins sont toujours là. Nous venons de partager positivement avec le chef de bureau de la MONUSCO, nous avons besoin d’élargir nos capacités d’accueil, parce que tout le temps, nous sommes surpris par des évènements ici. Nous aurions souhaité que la MONUSCO puisse nous construire un autre pavillon pour les blessés. Nous avons présenté cette doléance au chef de bureau de la MONUSCO qui a promis que d’ici à quelques jours, on pourra augmenter notre capacité. Naturellement, au-delà de tout ce que nous avons comme appui de part et d’autre, nous aurions souhaité, s’il y a un lot de médicaments ou d’intrants additionnels, que la MONUSCO nous les amène pour ajouter à ce qui est déjà là, ça peut toujours faire du bien ».
« On a cru que c’était la foudre qui s’était abattue sur l’église… »
Dix-sept blessés sont actuellement pris en charge dans cet hôpital. Unadolescent de 14 ans a succombé à ses blessures lundi 16 à la descente de l’ambulance qui le ramenait de Kasindi vers Beni. Pour ces rescapés encore traumatisés et sous le choc, le sentiment oscille entre résignation et colère. Si, pour certains, « c’est la volonté de Dieu », en revanche pour d’autres l’Etat doit tout faire pour retrouver les auteurs de cet acte et les juger ; il doit aussi ramener la paix dans cette partie du territoire. Tous décrivent une scène d’apocalypse dimanche quand, en plein culte, tout s’est écroulé autour d’eux.
Jack Kasereka Mwamba, l’un des rescapés de Kasindi, demande à la MONUSCO et au gouvernement d’intensifier les enquêtes et d’arrêter les auteurs de cet acte. Il témoigne : « Nous étions en pleine cérémonie de baptême à notre église CEPAC quand j’ai entendu de drôles de bruits. Je me suis dit que c’était peut-être la foudre car le temps était pluvieux. J’ai perdu un ami dans cet attentat ; des proches ont également été blessés. Je demande au gouvernement et à la MONUSCO de bien mener les enquêtes pour que ces terroristes qui attaquent les églises où les gens prient soient arrêtés ».
La MONUSCO fut présente sur presque tous les fronts depuis l’incident : appui technique aux services de sécurité pour mener à bien l’enquête afin de retrouver les auteurs de cet acte terroriste, évacuation des blessés et escorte du convoi ayant ramené ces derniers de Kasindi vers Paida à une dizaine de kilomètres de Beni.
Dans une publication sur son compte tweeter au soir de l’attentat, la Mission a condamné ce qu’elle a qualifié d’attentat « lâche et ignoble » contre une église à Kasindi. Elle a réitéré son engagement à ne ménager aucun effort aux côtés des forces de sécurité et de défense congolaises et des autorités judiciaires pour mettre hors d’état de nuire les auteurs de ces actes.