Le Kenya vote pour élire un nouveau président
Les bureaux de vote ont ouvert au Kenya, mardi. Quelque 22 millions de personnes sont appelés aux urnes pour élire le successeur du président Uhuru Kenyatta. Un scrutin dont l’enjeu est d’abord économique dans ce pays frappé par une flambée du coût de la vie.
Les Kényans ont commencé à affluer dans les bureaux de vote mardi 9 août pour l’élection de leur nouveau président, mais aussi des députés et élus locaux. Les 22,1 millions d’électeurs doivent voter six fois pour déterminer l’avenir politique du Kenya, considéré comme un îlot démocratique dans une région instable.
Depuis le centre financier jusqu’à des bidonvilles de Nairobi, ainsi que dans plusieurs régions du pays, de longues files d’attentes se sont formées dans la pénombre devant les bureaux de vote, qui ouvraient à 6 h 00 (heure locale).
Le duel s’annonce serré entre les deux principaux candidats à la présidence, des figures du paysage politique. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l’opposition désormais soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.
Les enjeux économiques au cœur du scrutin
Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n’obtient mardi plus de 50 % des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.
Quelle que soit l’issue, le nouveau président marquera l’Histoire en n’appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l’État depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta – que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.
Mardi, les électeurs doivent départager un Luo, Raila Odinga, et un Kalenjin, William Ruto, deux autres importantes communautés du pays. Mais dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s’estomper cette année face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits.
La pandémie, puis la guerre en Ukraine, ont durement touché ce moteur économique régional, qui malgré une croissance dynamique (7,5 % en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.
Spectre des violences
Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par Raila Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1 100 morts. Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer.
En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations, après une nouvelle contestation par Raila Odinga des résultats du vote – finalement annulé par la Cour suprême dans une décision historique.
En dehors de rares incidents et d’un impressionnant flux de désinformation sur les réseaux sociaux, la campagne fut paisible et les deux favoris ont appelé au calme. Quelque 150 000 officiers doivent cependant être déployés à travers le pays.
La Commission électorale, soumise à une pression extrême et qui a dû annuler lundi quatre scrutins locaux en raison notamment de problèmes d’impression des bulletins, a jusqu’au 16 août pour déclarer les résultats.
Les quelque 46 000 bureaux de vote doivent fermer à 17 h 00 (heure locale).
Avec AFP