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L’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc

Le ministère des Affaires étrangères algérien a officialisé cette annonce en fin d’après-midi. L’apogée d’une tension qui dure depuis 40 ans entre ces voisins du Maghreb. Mercredi, la présidence algérienne avait déjà annoncé qu’elle allait « revoir » ses relations avec Rabat et intensifier les « contrôles sécuritaires aux frontières de l’Ouest », en raison « d’actes hostiles incessants ».

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a annoncé ce mardi la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc voisin, en raison « d’actions hostiles » du royaume à l’égard de l’Algérie. « L’Algérie a décidé de rompre les relations diplomatiques avec le royaume du Maroc à partir de ce jour » mardi, a déclaré le ministre algérien lors d’une conférence de presse. Le ministre a égrainé les raisons de cette décision explosive diplomatiquement. En premier lieu l’affaire Pegasus qui a fait plus qu’agacer à Alger. Ensuite l’attaque du consulat de Dar El Beida (en 2013). Par ailleurs, il accuse le royaume du Maroc de soutenir les mouvements du MAK. Le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), est une organisation indépendantiste que le régime algérien tient pour responsable des feux de forêt. Alger a également mis en cause le mouvement islamo-conservateur Rachad, établi à Londres, pour ses liens avec le royaume chérifien.

« Le Maroc entraîne le conflit au lieu de l’intégration dans la région »

Le ministre a aussi expliqué les raisons de cette décision en affirmant que « l’histoire avait montré que le royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles à l’encontre de l’Algérie ». Il a en outre fait porter « aux dirigeants du royaume la responsabilité des crises répétées, qui se sont aggravées », un comportement qui « entraîne le conflit au lieu de l’intégration dans la région » du Maghreb. Mercredi dernier, le Haut Conseil de Sécurité, présidé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait décidé de « revoir » les relations avec le Maroc, accusé d’être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord du pays. « Les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie, ont nécessité la révision des relations entre les deux pays et l’intensification des contrôles sécuritaires aux frontières Ouest », selon un communiqué officiel algérien.

L'Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc selon le ministère des Affaires étrangères. Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
L’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc selon le ministère des Affaires étrangères. Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP 

En fin de journée, ce mardi, le Maroc a fait savoir, via son ministère des Affaires étrangères, qu’il regrettait « cette décision complètement injustifiée mais attendue – au regard de la logique d’escalade constatée ces dernières semaines (…). Il rejette catégoriquement les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent ». Le royaume « restera un partenaire crédible et loyal pour le peuple algérien et continuera d’agir, avec sagesse et responsabilité pour le développement de relations intermaghrébines saines et fructueuses », poursuit le communiqué.

Fin juillet, le roi Mohamed VI du Maroc avait déjà déploré les « tensions » avec l’Algérie, invitant le président algérien Abdelmadjid Tebboune « à faire prévaloir la sagesse » et « œuvrer à l’unisson au développement des rapports » entre les deux pays. Traditionnellement difficiles, les relations entre l’Algérie et son voisin marocain ont connu une récente dégradation en raison, notamment, de l’épineux dossier du Sahara occidental.

La normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël – en contrepartie d’une reconnaissance américaine de la « souveraineté » marocaine sur ce territoire – a encore avivé les tensions avec l’Algérie qui a dénoncé des « manœuvres étrangères » visant à la déstabiliser.

Ligne rouge franchie pour Alger

Les liens diplomatiques avaient été rompus une première fois entre les deux pays quand le 7 mars 1976, Rabat mettait fin à ses relations avec Alger après la reconnaissance par l’Algérie de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), autoproclamée par les indépendantistes du Front Polisario. « La provocation marocaine a atteint son paroxysme lorsqu’un délégué du Maroc aux Nations unies a appelé à l’indépendance du peuple de la région de Kabylie », a encore dit mardi M. Lamamra


« L’Algérie a fait preuve de retenue, mais le silence marocain à cet égard reflète le soutien politique à cette démarche », qualifiée de « dangereuse et irresponsable ». Alger avait rappelé en juillet son ambassadeur à Rabat pour « consultations avec effet immédiat », à la suite de « la dérive de la représentation diplomatique marocaine à New York qui a distribué une note officielle aux pays membres du Mouvement des non-alignés dans laquelle le Maroc soutient publiquement et explicitement un prétendu droit à l’autodétermination du peuple kabyle », avait expliqué le ministère algérien des Affaires étrangères.

Durant une réunion du Mouvement des non-alignés les 13 et 14 juillet à New York, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, avait fait passer une note dans laquelle il estimait que « le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination ». Une ligne rouge pour Alger qui s’oppose à toute velléité indépendantiste de la Kabylie, région berbérophone du nord-est de l’Algérie.

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