Israël retrouve son statut d’observateur à l’Union africaine
L’information a été officialisée par un communiqué de l’Union africaine et de la diplomatie israélienne, jeudi 22 juillet. Le nouvel ambassadeur israélien, actuellement en poste à Addis-Abeba, a présenté ses lettres de créances au président de la commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat.
Une photo des deux diplomates qui posent avec le drapeau vert de l’Union africaine marque l’événement. « Cela corrige une anomalie qui a perduré pendant près de deux décennies », déclare un communiqué du ministre israélien des Affaires étrangère Yaïr Lapid. Israël retrouve ainsi son statut d’observateur qu’elle avait perdu en 2002, lors de la dissolution de l’Organisation de l’unité africaine qui est devenue l’Union africaine. Les territoires palestiniens, eux, bénéficiaient eux toujours de cette position.
« Ce succès est le résultat d’un travail permanent du ministère des Affaires étrangères, de sa division Afrique et des ambassades israéliennes sur le continent », poursuit ce même communiqué. « Quasiment 12 ans de Netanyahu ont permis que la quasi-totalité des pays de l’Union africaine reprennent des relations avec Israël », confirme Benjamin Augé, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), pôle Afrique subsaharienne.
Auteur du rapport « Relations Israël-Afrique, que retenir de la décennie Netanyahu ? », le chercheur estime que pour Israël, cette position est importante, « pour avoir un discours nourri et récurrent avec ces pays-là. En sachant qu’Israël a très peu d’ambassade en Afrique, ils ont besoin de ce relais à Addis-Abeba, pour pouvoir parler à la totalité des 55 pays membres. » Selon lui, ce retour permettra à Israël de rencontrer les hauts fonctionnaires, les différents commissaires, et avoir une voix, au cours des grands sommets des chefs d’État.
Question palestinienne
Parmi les missions officiellement avancées par la diplomatie israélienne figurent la lutte contre le coronavirus et la prévention de la propagation du terrorisme sur le continent. Sur la photo officielle communiquée par l’Union africaine pour marquer ce retour, il y a des sourires. Cependant, la question épineuse du conflit israélo-palestinien a bien été abordée lors de la rencontre entre le président de la Commission de l’UA Moussa Faki Mahamat et l’ambassadeur israélien en Éthiopie, Aleli Admasu, précise le communiqué.PUBLICITÉ
La position de l’organisation reste inchangée : « Une solution à deux États est nécessaire pour une coexistence pacifique ». Au mois de mai, Moussa Faki Mahamat avait notamment condamné fermement les bombardements israéliens dans la bande de Gaza. « Sur toutes les grandes questions liées à la Palestine à l’ONU, souligne Benjamin Augé, on voit très bien que les pays africains ne votent pratiquement jamais avec Israël. »
« Pas de vraie politique africaine »
En outre si les relations ont repris durant la dernière décennie de Netanyahu, les moyens de l’État ont considérablement diminué, à commencer par ceux du ministère des Affaires étrangères, ce qui a limité les possibilités de développement de ces relations. Pour le chercheur, Israël, qui communique volontiers sur ses échanges avec le continent, n’entretient en effet pas de relations commerciales réellement importantes en volume.
« Pour ce qui est du continent en particulier, donc une dizaine d’ambassades, et deux seulement ouvertes récemment – avec le Rwanda et du Ghana – c’est difficile d’avoir une vraie politique africaine. En sachant que dans chacune de ces ambassades, vous n’avez pas forcément de poste d’expansion économique. »
Si la reprise des relations est une réalité, le problème est selon lui de « traduire ces relations en véritable influence et en véritables échanges économiques. or pour le moment, l’appareil étatique ne l’a pas permis du fait du manque de moyens dont il dispose.