Les inégalités d’accès au vaccin anti-Covid
Entre les pays qui ont commandé plus de doses qu’ils n’en ont besoin et ceux, plus défavorisés, qui peinent à s’en procurer, où en sont les stocks de vaccins anti-Covid ?
Il y a ceux qui ont vu large. Comme le Canada, qui a commandé 358 millions de vaccins pour ses 38 millions habitants, soit neuf doses par habitant. Ou comme le Royaume-Uni, qui a signé pour 355 millions de doses alors qu’il ne compte que 66,5 millions d’habitants. Cela représente plus de cinq doses par personne. Les Etats-Unis, le Japon et certains pays membres de l’Union européenne ont adopté la même stratégie.
Il s’agit toutefois de pré-commandes, réservées avant que les vaccins aient été validés par les autorités sanitaires. Seuls les vaccins autorisés seront livrés.
Au printemps dernier, la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède et la Pologne s’étaient réunis avec la Commission européenne pour négocier avec six laboratoires pharmaceutiques : Pfizer-BioNTech, pour 300 millions de doses ; AstraZeneca (400 millions) ; Moderna (190 millions) ; Sanofi-GSK (300 millions) ; Johnson & Johnson (400 millions) et CureVac (405 millions). Au total, des contrats avaient été conclus pour près de 2 milliards de doses à répartir entre les Vingt-Sept, au prorata de leur population.
« Nous avons beaucoup de doses, car nous voulons avoir un portefeuille diversifié pour ensuite être sûr d’avoir au moins un vaccin, voire deux, qui obtiennent une autorisation de mise sur le marché », avait indiqué la Commission européenne sur CheckNews. Si les vaccins sont autorisés, ces commandes devront être honorées.
« C’est plus que nos besoins »
La France s’étaient ainsi vue allouée 200 millions de doses, pour 67 millions d’habitants, soit une dose pour 3,5 personnes. Elle pourrait donc vacciner 100 millions de personnes, puisque le vaccin nécessite deux injections.
« C’est plus que nos besoins », avait reconnu le Premier ministre Jean Castex, justifiant la nécessité d’avoir une « marge de sécurité » en cas de pertes. Certains vaccins, notamment ceux de Pfizer-BioNTech, représentent des défis logistiques énormes, avec une température de conservation à -80°C.
Mais tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. Si certains ont « trop » de vaccins, d’autres sont juste à l’équilibre ou n’en n’ont pas assez, voire pas du tout. Le Mexique par exemple, a commandé près de 160 millions de vaccins pour 125 millions de personnes, soit une dose pour 1,2 personne.
Le Brésil a acheté 196 millions de doses pour 208 millions d’habitants, soit moins d’une par personne. Mais, tout comme l’Indonésie et le Vietnam, ces pays « intermédiaires » ont pu établir leurs propres accords bilatéraux.
Ailleurs, les vaccins sont difficilement accessibles. Des organisations non gouvernementales, comme People’s Vaccine Alliance, accusent même les pays riches de s’accaparer les vaccins au détriment des pays pauvres. Selon ce réseau d’organisations comprenant Amnesty International, Oxfam et Global Justice Now, près de 70 pays à faible revenus ne pourront vacciner qu’une personne sur dix. Et ce, malgré la promesse du laboratoire d’Oxford-AstraZeneca, par exemple, de fournir plus de 60% de ses doses aux populations des pays en développement.
Sont frappés par cette situation la plupart des pays du continent africain : l’Algérie, le Bénin, le Burundi, le Burkina Faso, le Nigeria, le Kenya, le Tchad, le Rwanda… Certains pays d’Asie également, comme la Corée du Nord ou le Sri Lanka.
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La People’s Vaccine Alliance s’est toutefois engagée à obtenir 700 millions de doses de vaccins à répartir entre les 92 pays à faible revenus, soit 3,6 milliards de personnes. Un dispositif qui ne permettra pas à tout le monde d’être vacciné alors que, selon l’organisation, les pays riches ont acheté assez de doses pour vacciner leur population trois fois, si tous les vaccins précommandés sont approuvés par les autorités.