Cameroun : la prévalence des maladies d’origine hydrique recule fortement dans plusieurs quartiers de Yaoundé, avec l’appui de la Banque
La deuxième phase du Projet d’assainissement de Yaoundé est en voie d’achèvement. Un de ses résultats notables est d’avoir contribué à une forte baisse de la prévalence des maladies hydriques dans plusieurs quartiers de la capitale politique du Cameroun, tout en générant, dans sa réalisation, 755 emplois directs ainsi que 1130 emplois indirects.
Le rapport sur l’état d’exécution et sur les résultats (EER) du PADY 2, publié le 14 janvier dernier par la Banque africaine de développement souligne notamment que le taux de prévalence du paludisme est passé de 11,84% en 2011 à 5% en 2018, et ceux de la diarrhée de 2,7% à 0,36% et de la typhoïde de 3,06% à 0,5%. Les deux dernières pathologies ayant quasiment disparu.
Compte tenu de la baisse des cas d’inondations due à l’amélioration de la couverture en assainissement depuis 2018, cette forte inflexion devait se confirmer en 2020. « L’objectif de réduire le nombre d’inondations de trois à un par an jusqu’en 2018 a été atteint dans les quartiers situés à proximité des canaux aménagés. Cependant, quelques foyers d’inondations occasionnelles ou régulières existent encore dans les zones comme l’avenue Kennedy dans le centre-ville et le sud de Yaoundé (partie aval du canal du Mfoundi aménagé) », indique l’EER.
Lancé en 2007 et poursuivi en 2015 dans sa deuxième phase, le projet a bénéficié d’un prêt de 28,7 millions de dollars du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel de la Banque. Avec le financement de la phase 1 à hauteur de 36 millions de dollars, l’enveloppe globale du projet s’élève désormais à 64,7 millions de dollars.
Lors de sa mise en œuvre, quelque 14 kilomètres de canaux ont été aménagés sur le Mfoundi et quatre de ses affluents à savoir : Ewoue, Ekozoa, Abieurgue et Mingoa. Au total, cinq hôpitaux du district de Yaoundé ont été dotés d’équipements médicaux et cinq campagnes IEC (information-éducation-communication) ont été organisées au profit des populations.
Pour appuyer ces infrastructures d’assainissement et hospitalières, 23 ouvrages hydrauliques et près de 11 kilomètres de pistes piétonnes ont été construits tandis que 90% de voies sur berges ont été réalisées sur quelque 4,8 kilomètres prévus. En outre, 38 plateformes de pré-collecte des ordures ont été mises en place, 52 kits de matériels d’hygiène et assainissement (brouettes, pelles, gants, fourches, cache-nez, machettes, etc) ont été remis aux associations de quartiers.
Plus de huit ménages sur dix (19 838 personnes au total) ont été sensibilisés par une campagne de proximité et 172 322 lors d’une campagne de masse. Par ailleurs, une campagne de lutte chimique contre les vecteurs a été organisée dans les communes de Yaoundé 1 et 7, durant laquelle une centaine de ménages ont bénéficié d’une pulvérisation intra-domiciliaire et d’une dératisation. Enfin, sept campagnes pilotes de lutte physique contre les vecteurs ont été initiées dans sept communes en matière d’assainissement du milieu et de débroussaillage et curage des drains, d’élimination des gites larvaires et supports des nuisibles.
Envisager une phase complémentaire du PADY2
« En dépit de ces résultats satisfaisants, quelque cas d‘inondation restent encore visibles aussi bien dans le centre-ville (Avenue Kennedy) que dans les périphéries notamment en aval de la rivière Mfoundi, en dehors de la zone d’intervention du projet », note Eboueme Bountsebe, responsable du PADY2.
Afin de mettre un terme définitif à ces dernières poches de résistance, souligne Bountsebe, le plan de prévention et de gestion des inondations de la Ville de Yaoundé réalisé durant le PADY2 sur fonds FAD en 2018, a préconisé la réalisation de nouvelles infrastructures. Il s’agit notamment de la création d’une dizaine de bassins de rétention, en vue de réduire les apports d’eau dans la rivière Mfoundi, la réhabilitation des ouvrages hydrauliques dont la capacité est désormais insuffisante et la mise sur pied d’un réseau d’équipements hydrométéorologiques en vue d’améliorer l’acquisition de données fiables.
« Il découle de ce qui précède qu’une phase complémentaire du PADY 2 permettrait d’améliorer l’atteinte de l’objectif principal du PADY », suggère Bountsebe.
Cette troisième phase devrait aussi se matérialiser par la construction du bassin de rétention et du collecteur sur la rivière Djoungolo à l’Avenue Kennedy, la construction du dalot situé en face de la voirie municipale raccordant le canal de la rivière Mingoa à celui de la rivière Mfoundi, la réhabilitation de la voirie de la rue du Mfoundi, menant au marché du même nom, dégradée lors de la construction du canal sur le Mfoundi.