Immigration: l’UE veut abolir le règlement de Dublin pour un nouveau système plus solidaire
Ursula von der Leyen a confirmé ce mercredi 16 septembre, l’abolition prochaine du règlement de Dublin et son remplacement par un nouveau système européen de gouvernance de la migration. La présidente de la Commission européenne a fait de ce projet une priorité, alors que les relations entre certains pays européens à propos de la question migratoire restent tendues.
Le règlement de Dublin, très contesté en Europe, ne sera bientôt plus en vigueur. C’était une annonce attendue du discours d’Ursula von der Leyen
devant le Parlement européen, mercredi 16 septembre. La présidente de
la Commission européenne a prôné l’abolition de ce règlement et la
naissance à venir d’un « nouveau système européen de gouvernance de la migration » lors de son premier discours à Bruxelles.
Le manque de solidarité au coeur des critiques sur le règlement de Dublin
La
proposition de réforme de la politique migratoire doit être présentée
le 23 septembre, après avoir été plusieurs fois repoussée. Ursula von
der Leyen n’en a pas dévoilé les détails, mais selon elle, « il y aura des structures communes pour l’asile et le retour ». « Et il y aura un nouveau mécanisme fort de solidarité », a-t-elle ajouté.
Le
manque de solidarité entre pays européens est justement au cœur des
critiques ciblant le règlement de Dublin, selon lequel la responsabilité
des demandes d’asile était confiée aux pays d’entrée des migrants dans
l’Union européenne. Les nations en première ligne sur la route de
l’arrivée des migrants comme l’Italie, la Grèce et Malte dénoncent
depuis des années une charge trop importante, tandis que d’autres pays,
comme dans le groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque,
Slovaquie), se sont fermés aux demandeurs d’asile. Publicité
« Nous devons intensifier nos efforts et prendre nos responsabilités »
L’incendie qui a ravagé le camp de Moria, en Grèce, a ravivé les tensions au sein de l’UE. « Ces images nous rappellent douloureusement que l’Europe doit agir dans l’unité », a averti Ursula von der Leyen. « Nous devons intensifier nos efforts en la matière et prendre nos responsabilités », a poursuivi la dirigeante, qui a confirmé « un projet pilote mené conjointement avec les autorités grecques, pour installer un nouveau camp sur l’île de Lesbos. »
La présidente de la Commission européenne a envoyé un message clair : « Nous attendons de tous les États membres qu’il intensifient eux aussi leurs efforts. » Ursula von der Leyen a aussi promis « des
mesures pour lutter contre les passeurs, pour renforcer les frontières
extérieures, pour approfondir les partenariats extérieurs et pour créer
des voies légales d’accès ».
Le règlement de Dublin, dit
« Dublin III », fut adopté en 2013. Controversé depuis des années, il
est au point mort depuis l’échec de la dernière tentative de réforme, en
2018.
Permettre un traitement rapide des demandes, avec un
interlocuteur unique, tel était son objectif de départ. Le règlement
prévoit pour cela que la demande d’asile soit traitée dans le premier
pays de l’Union européenne où arrive le demandeur. Conséquence : les
pays aux frontières extérieures (Grèce, Espagne, Malte, Italie) assument
aujourd’hui l’accueil de la plupart des demandeurs.
Le texte
prévoit pourtant une exception, celle du regroupement familial : une
personne doit pouvoir demander l’asile dans n’importe quel pays où se
trouvent ses proches. Mais cette possibilité est rarement mise en œuvre.
Face à des délais de traitement très longs, les exilés poursuivent
parfois leur route sans papiers.
S’ils demandent l’asile dans un
autre pays où s’ils sont contrôlés, ils doivent être renvoyés dans le
pays d’arrivée. Là encore, la procédure est inopérante, et conduit
parfois à des drames comme celui d’une adolescente afghane qui a perdu
toute sa famillle dans un naufrage. Accueillie en Suède chez une tante,
elle a récemment été renvoyée en Grèce à ses 18 ans.
De l’avis
général, le système de fonctionne pas. Il a par ailleurs conduit à
rétablir durablement les contrôles aux frontières intérieures,
contredisant un principe fondateur de l’UE : la libre circulation des
personnes au sein de l’espace Schengen.
(Avec AFP)