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Génocide rwandais : Kigali émet un mandat d’arrêt contre Aloys Ntiwiragabo, visé par une enquête en France

Le Rwanda a émis un mandat d’arrêt international contre Aloys Ntiwiragabo, chef des renseignements militaires pendant le génocide rwandais de 1994, qui vivrait aujourd’hui en France. Une enquête préliminaire pour « crimes contre l’humanité » avait été ouverte en juillet par la justice française.

L’unité française chargée de combattre les crimes de guerre et crimes
contre l’humanité enquêtait déjà depuis fin juillet sur le personnage,
après des révélations de Mediapart affirmant avoir retrouvé la trace d’Aloys Ntiwiragabo, 72 ans, près d’Orléans dans le centre de la France. 

À la suite de l’enquête française, le Rwanda vient d’émettre un mandat d’arrêt international contre cet ex-chef des renseignements militaires pendant le génocide au Rwanda en 1994

« Nous
avons émis un mandat d’arrêt international à l’encontre d’Aloys
Ntiwiragabo, soupçonné de génocide » et qu’un média français affirme
avoir retrouvé en France, a déclaré mardi à la presse le procureur
général rwandais, Aimable Havugiyaremye. « Nous avons enquêté sur son cas
et nous travaillons avec l’unité française chargée de combattre les
crimes de guerre et crimes contre l’humanité », a-t-il ajouté.

Auteur d' »un plan dans l’intention d’exterminer la population civile Tutsi »

Aloys
Ntiwiragabo a fait l’objet par le passé de mandats d’arrêt de la part
du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), levés depuis
plusieurs années, selon une source judiciaire française.

Le pôle
« crimes contre l’humanité » du tribunal de Paris avait cherché à
l’entendre comme témoin en 2012 dans une enquête et avait sollicité les
autorités rwandaises. Ces dernières, selon cette source judiciaire,
avaient répondu que Aloys Ntiwiragabo était réfugié dans un pays
africain.

Aloys Ntiwiragabo figure dans des actes d’accusation du
TPIR datant de 1998, visant des personnes suspectées de figurer parmi
les principaux responsables du génocide de 1994 au Rwanda. Il est évoqué
comme faisant partie d’un groupe de onze responsables qui, « dès la fin
de 1990 jusqu’à juillet 1994 […] se sont entendus entre eux et avec
d’autres pour élaborer un plan dans l’intention d’exterminer la
population civile Tutsi et d’éliminer des membres de l’opposition et se
maintenir ainsi au pouvoir ».

Le génocide commis en 1994 au Rwanda,
à l’instigation du régime extrémiste hutu alors au pouvoir, a fait
environ 800 000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi
la minorité tutsi, mais aussi chez les Hutu modérés, selon l’ONU.

Dans
un autre acte de 2002 visant quatre de ces onze personnes, Aloys
Ntiwiragabo est décrit comme ayant « mis à jour [des] listes de personnes
identifiées comme étant l’ennemi » – les Tutsi – et leurs « complices » –
des membres de l’opposition – afin de les « exécuter ».

La traque tardive de présumés génocidaires en France

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Le
16 mai, l’arrestation près de Paris, après une cavale de vingt-cinq
ans, du « financier » du génocide rwandais, Félicien Kabuga, avait jeté
une lumière crue sur la présence ancienne et la traque tardive de
présumés génocidaires en France, qui resta jusqu’au bout l’alliée du
dernier régime hutu du Rwanda. 

La cour d’appel de Paris a émis
début juin un avis favorable à la remise de Félicien Kabuga à la justice
internationale, mais celui-ci s’est pourvu en cassation. Il demande à
être jugé en France, mettant en avant une santé fragile et le risque
d’être remis aux autorités rwandaises. Son audience est prévue le 2
septembre.

Dans ce dossier, Serge Brammertz, procureur du
Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), la structure
chargée d’achever les travaux du Tribunal international pour le Rwanda
(TPIR), est arrivé mardi au Rwanda, accompagné d’une équipe de
procureurs et d’enquêteurs. Il doit passer deux semaines dans le pays,
et son équipe un mois, pour rassembler des éléments à charge contre
Félicien Kabuga et d’autres personnes soupçonnées d’être impliquées dans
le génocide.

Le Rwanda appelle régulièrement les pays européens,
dont la France, à traquer et juger plus efficacement les responsables du
génocide en fuite.

Avec AFP

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