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En Tunisie, la campagne a officiellement débuté pour les 26 candidats à la présidentielle

Des électrices tunisiennes devant les affiches de campagne des candidats à l'élection présidentielle, le 2 septembre 2019.
Des électrices tunisiennes devant les affiches de campagne des candidats à l’élection présidentielle, le 2 septembre 2019.Fethi Belaid, AFP

La campagne présidentielle tunisienne s’ouvre officiellement lundi, laissant apparaître de nombreuses incertitudes quant à la popularité de chacun des 26 candidats.

Un mois après le décès du chef de l’État Béji Caïd Essebsi, la campagne présidentielle s’ouvre officiellement lundi 2 septembre en Tunisie. Un scrutin aussi indécis que vital pour l’unique pays rescapé des Printemps arabes de 2011, qui doit encore consolider ses acquis démocratiques.

« C’est la première fois que les Tunisiens n’ont aucune idée de qui va être président », affirme le groupe de réflexion tunisien Joussour. « En 2014, il y avait deux grands champions, le président sortant [Moncef] Marzouki et [Béji Caïd] Essebsi. Là, tout est possible ».

Le 25 juillet, le décès du président Essebsi, à quelques mois de la fin de son mandat, a bouleversé le calendrier électoral.

Initialement prévue le 17 novembre, l’élection présidentielle aura finalement lieu le 15 septembre. Sept millions de Tunisiens sont alors appelés aux urnes, après une vigoureuse opération d’inscriptions sur les listes électorales qui a permis d’atteindre de nombreux jeunes très abstentionnistes lors des élections municipales de mi-2018.

Bien que l’instance chargée d’organiser les élections ait interdit la publication de sondages, ce qui complique l’évaluation du poids politique des 26 candidats retenus pour le scrutin, certaines enquêtes d’opinion circulent.

Beaucoup placent en tête l’homme d’affaires et magnat des médias Nabil Karoui, détenu depuis le 23 août après avoir été inculpé de « blanchiment d’argent » dans le cadre d’une enquête en cours depuis plus de trois ans. Sa candidature a finalement été validée par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) après de nombreuses incertitudes.

Ses soutiens ont affirmé que son arrestation en juillet était entachée d’irrégularités, accusant le chef du gouvernement Youssef Chahed, qui est l’un de ses rivaux pour l’élection, d’en être l’instigateur. Le gouvernement avait présenté une loi éliminant Nabil Karoui de la course, mais cet amendement, voté, n’a pas été promulgué par le défunt président Essebsi.

Le Premier ministre a démenti toute intervention et affirmé que cette arrestation avait augmenté la popularité de Nabil Karoui, qui a commencé à faire campagne à coups d’opérations de charité médiatisées par la chaîne de télévision qu’il a fondée, Nessma TV.

Youssef Chahed et Nabil Karoui, ainsi qu’au moins quatre autres candidats à l’élection, sont issus ou proches du parti séculariste Nidaa Tounes fondé en 2012 et ayant fait élire Béji Caïd Essebsi, premier président élu démocratiquement au suffrage universel en Tunisie, en 2014.

Ce parti, créé en rassemblant des mouvements hétéroclites sur une plateforme anti-islamiste, est aujourd’hui en miettes, décimé par des luttes de clans.

Lors du lancement de la campagne à l’étranger samedi, l’actuel Premier ministre tunisien s’est notamment posé en défenseur des droits humains à l’occasion d’un meeting à Lyon en France.

« Élection ouverte »

Face aux candidats sécularistes, le premier candidat présenté par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha – également président par intérim de l’Assemblée – Abdelfattah Mourou, avocat septuagénaire à la verve appréciée, porte l’habit traditionnel mais prône l’ouverture du parti.

Selon le politologue Hamza Meddeb, il y a une possibilité sérieuse que le candidat d’Ennahdha « soit au second tour » (qui doit avoir lieu avant le 4 novembre).

« La grande inconnue sera son rival vu la fragmentation du paysage séculariste, ça pourrait être Nabil Karoui, Youssef Chahed, ou Abdelkrim Zbidi [ancien ministre de la Défense]. »

Ce dernier, technocrate sexagénaire, est sorti de l’ombre après avoir été appelé au chevet de Béji Caïd Essebsi, qui l’a ainsi placé sur la liste de ses successeurs. Plusieurs fois ministre, il n’a toutefois jamais disputé d’élections politiques.

Un universitaire indépendant néophyte en politique, Kais Saïed, s’est aussi fait une place en haut des sondages, mais à défaut de soutien partisan, difficile de savoir s’il va s’y maintenir.

Plusieurs anciens ministres et Premiers ministres – comme Mehdi Jomaa, ex-chef d’un gouvernement de technocrates, ou Hamadi Jebali, dissident d’Ennahdha – sont également dans la course, ainsi qu’une pasionaria anti-islamiste, Abir Moussi.

« C’est une élection ouverte, et elle restera probablement ouverte même au second tour », souligne le politologue Hamza Meddeb, estimant que des surprises peuvent toujours émerger au cours de la campagne.

Aucun changement n’est prévu quant à la date des législatives programmées pour le 6 octobre, qui se tiendront donc entre les deux tours de la présidentielle.

La Tunisie est le seul des pays arabes touchés par les contestations à poursuivre sur la voie de la démocratisation malgré les soubresauts politiques, la morosité économique et des attaques jihadistes.

Avec AFP

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