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Cameroun : Paul Biya candidat à un 7e mandat

C’est officiel, le chef de l’État camerounais au pouvoir depuis 36 ans est candidat à sa propre succession pour la présidentielle du 7 octobre prochain.  Le Point Afrique

<p>Le pr&#233;sident Paul Biya a fait modifier la Constitution camerounaise en 2011 afin de pouvoir briguer de nouveaux mandats.</p>

 

Le président Paul Biya a fait modifier la Constitution camerounaise en 2011 afin de pouvoir briguer de nouveaux mandats.

Le président camerounais Paul Biya, 85 ans, au pouvoir depuis 1982, a annoncé vendredi sa candidature à un 7e mandat au lendemain de l’attaque du convoi de son ministre de la Défense en zone anglophone, déstabilisée par des séparatistes armés. « Je serai votre candidat à la prochaine élection présidentielle », a écrit en français et en anglais le chef de l’État sur son compte Twitter, se disant « conscient des défis que nous devons ensemble relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère ».

President Paul BIYA@PR_Paul_BIYA

Dear Compatriots in Cameroon & the Diaspora,
Aware of the challenges we must take up together
to ensure a more united, stable & prosperous Cameroon,
I am willing to respond positively to your overwhelming calls.
I will stand as Your Candidate in the upcoming presidential election pic.twitter.com/6oldKFYWak

President Paul BIYA@PR_Paul_BIYA 

Chers Compatriotes du Cameroun et de la Diaspora
Conscient des défis que nous devons ensemble
relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère,
j’accepte de répondre favorablement à vos appels pressants.
Je serai Votre Candidat à la prochaine élection présidentielle. pic.twitter.com/1q6lZI2P7r

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Une candidature sans surprise

Depuis plusieurs mois, ses soutiens le présentaient comme le « candidat naturel » de la majorité et sa candidature ne faisant presque plus aucun doute. Paul Biya, 78 ans, brigue donc un septième mandat en tant que candidat du parti du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Arrivé au pouvoir en 1982 à la faveur de la démission de son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo, le second président du Cameroun a été élu en 1984 et 1988 sous le parti unique puis après l’instauration du multipartisme en 1992, 1997 et 2004. En 2008, l’Assemblée largement dominée par le parti au pouvoir supprime la limitation du nombre de mandats présidentiels lui ouvrant la voie à un nouveau septennat en 2011. Ses adversaires politiques lui imputent un bilan économique négatif ainsi qu’une mauvaise gestion des finances publiques et une corruption généralisée. Les dernières statistiques disponibles de 2014 montrent que 75 % de la population camerounaise a moins de 25 ans et n’a donc connu que Paul Biya comme président.

Ses opposants et adversaires déclarés – dont Joshua Osih, candidat déjà déclaré du Social Democratic Front (SDF, anglophone, principal parti d’opposition), Maurice Kamto, du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et l’avocat et ancien vice-président de Transparency International, Akere Muna – l’accusent d’être responsable du « chaos » dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest.

En effet, Paul Biya doit aujourd’hui faire face à la montée des périls sur trois fronts : à l’extrême-nord toujours sous la menace de Boko Haram, et dans les régions anglophones du sud-ouest et du nord-ouest où séparatistes armés et forces de défense et de sécurité s’affrontent depuis fin 2017.

La présidentielle, prévue le 7 octobre, va se tenir dans un contexte de violences quotidiennes dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest qui risquent de perturber la scrutin. L’annonce du président Biya a été faite ce vendredi 13 juillet, au lendemain de l’attaque du convoi de son ministre de la Défense, Beti Assomo, par des séparatistes anglophones armés dans le sud-ouest. Le ministre Assomo y avait été envoyé par le chef de l’État pour évaluer la situation sécuritaire.

Un contexte sécuritaire tendu 

« Le convoi du ministre a été attaqué dans la zone de Kumba », localité du sud-ouest, a affirmé à l’AFP une source proche des services de sécurité, la radio d’État parlant d’assaillants « neutralisés » (tués) et un journaliste blessé lors de l’attaque évoquant de son côté « quatre militaires » blessés.

Selon ce journaliste du quotidien d’État Cameroon Tribune, Grégoire Djarmaila, blessé par les éclats de verre du véhicule dans lequel il se trouvait, une première attaque s’est produite alors que le ministre se rendait à un poste avancé de l’armée à « 7 kilomètres de Kumba ».

À mi-chemin, le convoi d’une trentaine de véhicules, dont un blindé dans lequel se trouvait Beti Assomo et six généraux, a été « stoppé par une barricade érigée par des sécessionnistes » anglophones, a raconté le journaliste.

« Au même moment, nos véhicules ont été criblés de balles venant des maisons abandonnées par les populations ayant fui la guerre », a-t-il ajouté. Il a affirmé que les militaires de la délégation ont riposté « de manière appropriée » et ont ainsi permis au convoi de rallier le poste avancé de l’armée.

Une seconde attaque s’est alors produite au retour de la délégation, selon le journaliste. « À peine sortis du camp, nous avons été attaqués. Cette fois, ils donnaient l’impression d’être plus nombreux et plus déterminés », selon lui, tirant « sur tous les véhicules du convoi ».

« Notre chance a été qu’ils utilisaient des armes de chasse de fabrication artisanale », a-t-il expliqué, assurant avoir vécu « quarante minutes d’enfer ».

En dépit de ces attaques, Beti Assomo devait se rendre vendredi dans l’autre région anglophone du nord-ouest. Dans ces deux régions – sur les dix que compte le Cameroun – les combats sont devenus quasi quotidiens entre militaires, policiers et séparatistes armés.

Ces derniers affirment vouloir rétablir dans un État indépendant « la dignité » d’une minorité anglophone qui se sent marginalisée par le pouvoir central, essentiellement francophone.

Depuis fin 2017, ces séparatistes, éparpillés en divers groupes, s’en prennent sans relâche aux forces de l’ordre et de sécurité, mais aussi aux symboles de l’administration comme les fonctionnaires, qu’ils enlèvent, et les écoles, qu’ils incendient.

Plus de 80 membres des forces de sécurité ont perdu la vie depuis le début du conflit qui a également entraîné le déplacement d’environ 195 000 Camerounais fuyant les violences, dont quelque 34 000 ont trouvé refuge au Nigeria voisin.

Ce conflit armé de plus en plus violent, dans lequel les forces armées et de sécurité sont accusés par des défenseurs des droits de l’homme d’exactions graves, devrait largement dominer la campagne électorale.

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