NIGER AGRICULTURE ET PÊCHE : Au Sahel, entre crise sécuritaire et sécheresse, les éleveurs se sentent oubliés
Huit milliards d’euros… C’est le budget que l’Union européenne entend consacrer aux projets de l’Alliance Sahel jusqu’en 2022. L’engagement est colossal mais pour faire quoi ?
Abdoul Aziz Ag Alwaly, le responsable de l’association d’éleveurs Tassaght [«lien» en tamasheq], à Gao au Nord du Mali, redoute que ces projets de développement ne soient pas adaptés. « Nous aimerions, justement, que l’on se penche, pour une fois, sur le mode de vie de ces communautés pastorales, le contexte qui les rend plus vulnérables, qu’elles ne l’étaient. Je fais allusion, entre autres, à des trajets de commerce, des recherches de pâturages… Toute cette mobilité se retrouve entravée par le contexte actuel d’insécurité », explique t-il à RFI.
« Les éleveurs se retrouvent piégés dans un champ de bataille entre des éléphants et même si ce n’est pas un acteur en antagonisme avec les autres, ils l’écrasent » conclut-il.
Pour Dodo Boureima, du réseau d’éleveurs Bilital Maroobé au Niger, stabiliser le Sahel ne sera possible qu’en soutenant l’élevage, dernière activité dans ces régions délaissées. « Dans ces zones encore vidées des autres populations et même de l’administration, c’est les éleveurs qui mettent ces grands espaces-là en valeur. Sinon, c’est aussi laisser ces espaces-là à des bandits armés ou à ces rébellions… »
Au Sahel on a de l’eau, insiste t-il, aussi faut-il « faire des investissements pour (que) le maximum d’éleveurs (puissent retourner) autour de certains sites stratégiques ».
Rappelons que l’élevage est l’une des principales activités économiques des pays sahéliens et représente entre 30 à 40% de leur produit intérieur brut agricole.
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