Le sport est un « vecteur dynamique pour l’Afrique », selon Macron et Weah
Le président français a reçu, mercredi, son homologue libérien, l’ex-Ballon d’Or George Weah, ainsi que les footballeurs Didier Drogba et Kylian Mbappé. L’occasion de présenter son projet de « plateforme de transformation par le sport » en Afrique.
Les pointures du ballon rond se sont réunies, mercredi 21 février, autour du président français Emmanuel Macron. Invités à un déjeuner à l’Élysée à l’occasion de la visite officielle du président libérien et ancien Ballon d’Or George Weah, l’ancienne star de l’OM et de Chelsea Didier Drogba, l’attaquant phare du PSG Kylian Mbappé et le président de la Fifa Gianni Infantino, entre autres, se sont entendus pour soutenir des projets sportifs en Afrique.
« Il nous faut inventer les voies et moyens d’actions nouvelles » pour soutenir la jeunesse africaine, a indiqué Emmanuel Macron, félicitant son homologue libérien pour son programme d’aide aux jeunes Libériens de moins de 25 ans, qui représentent 60 % de la population. « J’avais proposé à Ouagadougou […] à la fin de l’année dernière que la France fasse du sport un vecteur fort et dynamique de développement pour l’Afrique », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse conjointe avec George Weah.
« Un espoir pour la jeunesse africaine »
Le président français a annoncé le lancement d’une « plateforme de transformation par le sport » pour le continent, pilotée par l’Agence française de développement (AFD) et la Banque africaine de développement. Avec un budget initial de 15 millions d’euros, les contours de cette plateforme qui ne devrait pas seulement se cantonner au Libéria sont encore flous, mais des « projets concrets » devraient être déclinés « dans les prochains mois ». Il pourrait s’agir de la construction d’infrastructures, de fourniture d’équipements, de programmes de formation ou d’aides à la création d’entreprises.
L’élection de George Weah « est un espoir pour la jeunesse africaine et c’est une opportunité pour la CAF, car nous ne pouvons pas développer le football africain sans les hommes politiques », a affirmé le président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad Ahmad, lui aussi présent à Paris.
Pour défendre son projet, Emmanuel Macron a pris l’exemple du Liberia où, selon lui, le sport, et en particulier le football, a permis de désarmer la jeunesse et les milliers d’enfants-soldats après la guerre civile, qui a ravagé le pays de 1989 à 2003. « C’est une façon de trouver un rôle dans la société, de reconstruire du respect, d’avoir de vrais héros », affirme le chef de l’État. « Le football est très puissant, parce qu’il permet de rassembler, d’unir les peuples », a renchéri Didier Drogba, ancien capitaine des Éléphants de Côte d’Ivoire et fondateur d’une fondation en faveur de l’éducation dans son pays.
Résultats peu visibles
L’ONU avait déjà pointé cet aspect dans un rapport publié en 2003, « Le sport au service du développement et de la paix : vers la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement ». L’équipe inter-institutions auteure du document concluait que le sport offrait, à faible coût, « un cadre idéal pour acquérir des aptitudes telles que la discipline, la confiance en soi et les qualités d’animateur ». Les auteurs insistaient aussi sur la possibilité de sensibiliser les jeunes à travers le sport, grâce à sa capacité de mobilisation sociale, aux enjeux majeurs du continent, telle que la lutte contre le virus du sida. Depuis, pourtant, les résultats sont assez peu visibles.
Une illustration flagrante de cet échec est l’abondance d’ »éléphants blancs », ces infrastructures sportives bâties dans le cadre des grandes compétitions comme la Coupe d’Afrique des nations, ou même pour la Coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud, et qui ne sont pas ou peu utilisés, faute de moyens pour les entretenir. Pour Richard Attias, homme d’affaires marocain à l’origine avec le Qatar du Doha Goals Forum, un espace d’échange consacré aux enjeux économiques et sociaux autour du sport, « trop souvent, le sport a profité aux élites des États et non à l’intégralité des citoyens ». Il cite ainsi l’ancienne directrice de l’Unesco pour la Jeunesse, le Sport et l’Éducation physique, Golda El Khoury, pour qui « si nous recherchons la preuve d’une trajectoire de développement: (…) le sport n’a pas encore démontré ses bénéfices réels pour un pays et sa population ».
George Weah, parti d’un bidonville de Monrovia pour devenir international de football et chef d’État, a tenu à illustrer le potentiel de la jeunesse de son pays à travers l’exemple de sa carrière : « Le talent, on l’a. Il est dans la rue. J’avais un seul terrain chez moi, j’ai fini Ballon d’Or. Si j’avais dix terrains, peut-être qu’il y aurait dix Ballons d’Or au Libéria ! »
Le Sénégalais Salif Diao, ancien milieu de Liverpool, qui a créé à Dakar une fondation pour fournir une éducation durable aux jeunes footballeurs, estime qu’il faut aller plus loin que la seule pratique sportive. « En Afrique, un footballeur sur 1 000 seulement a une chance de devenir professionnel. Or, sans éducation de base, ceux qui ne percent pas dans le football ne pourront pas s’en sortir « , confiait-il en juin 2017 à la BBC.
Avec AFP