La Gambie à l’heure d’une nouvelle ère post-Jammeh
Il y a un an, le 21 janvier 2017, l’ex-dictateur gambien Yahya Jammeh saluait pour la dernière fois ses partisans sur le tarmac de l’aéroport de Banjul avant de s’envoler vers la Guinée équatoriale. Une terre d’exil, où il se trouve toujours. Quelques semaines auparavant, Adama Barrow, un illustre inconnu, venait de remporter le scrutin présidentiel, promettant démocratie et développement à des Gambiens avides de changement. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Le plus grand changement qu’a connu la Gambie est, de loin, le retour à la liberté d’expression. Dans les rues de Banjul, la capitale, les Gambiens ne se privent plus de discuter politique et de commenter les actions de leur gouvernement. Dans les cafés, les bars, des groupes d’amis se retrouvent désormais sans peur d’être écoutés par des oreilles indiscrètes.
Tout cela était impensable sous Yahya Jammeh. Individus torturés dans les locaux de la terrible NIA, l’agence de renseignement de l’époque, malades du sida « soignés de force »… Pour les victimes d’exactions sous le précédent régime, la parole se libère. Ils sont plus de 700 à fréquenter le Centre des victimes, qui a vu le jour cette année pour les accueillir et les conseiller. En octobre dernier, une campagne internationale pour traduire l’ex-président en justice a aussi vu le jour.
Le défi majeur pour Adama Barrow est économique, car la Gambie reste l’un des pays les plus pauvres du continent africain. Les lacunes sont énormes. Le changement se fait attendre. Certains s’impatientent, surtout parmi les jeunes, qui réclament de l’emploi. Le gouvernement reconnaît ses difficultés et demande de la patience à ses concitoyens, d’autant plus que la Gambie, qui a renoué des liens avec la communauté internationale après des années d’isolement diplomatique, cumule les promesses d’aide au développement de la part de ses partenaires.
Le nouveau gouvernement tiendra-t-il ses promesses de croissance ? Un an après l’avènement du nouveau régime, la question reste entière.
Alioune Sarr NDIAYE, afripresse