Rwanda : vers l’interdiction de l’importation des vêtements de friperie, malgré les menaces des USA
Le président rwandais Paul Kagame a souligné que le Rwanda poursuivra son projet visant la suppression progressive de l’importation de vêtements d’occasion malgré les menaces des États-Unis, qui avertissent que cette décision pourrait mener à la révision de l’éligibilité du pays à un accès hors taxes au marché américain.
Le président rwandais Paul Kagame a insisté sur le fait que le Rwanda poursuivra son projet visant la suppression progressive de l’importation de vêtements d’occasion malgré les menaces des États-Unis, qui avertissent que cette décision pourrait mener à la révision de l’éligibilité du pays à un accès hors taxes au marché américain. Le président Kagame s’exprimait ainsi dans le cadre d’une conférence de presse, quelques moments après avoir déposé sa déclaration de candidature auprès de la Commission électorale nationale (CEN).
En effet, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et le Soudan du Sud ont décidé d’interdire complètement l’importation de vêtements et de chaussures usagés à l’horizon 2019, arguant que cette mesure permettrait aux pays membres de stimuler l’industrie locale de confection de vêtements.
Cependant, les membres de l’association des matières secondaires et textiles recyclés (Secondary Materials and Recycled Textiles Association – SMART), une association des entreprises du textile des États-Unis d’Amérique (É.-U.), avancent que cette décision de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) interdisant l’importation de vêtements et de chaussures d’occasion impose des difficultés économiques considérables à l’industrie américaine des fripes. Les pétitionnaires affirment que cette interdiction est en contradiction directe avec les exigences selon lesquelles les bénéficiaires de la loi sur la croissance et les potentialités de l’Afrique (AGOA) doivent œuvrer vers l’élimination « des barrières au commerce et aux investissements américains » et promouvoir « des politiques économiques qui visent la réduction de la pauvreté ».
Par conséquent, le Bureau du représentant américain au Commerce (USTR) a lancé la révision de l’éligibilité de l’Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie aux avantages découlant de l’AGOA. Les États membres de l’EAC constituent l’un des plus importants débouchés de l’industrie américaine du vêtement, représentant des exportations directes d’une valeur totale d’environ 24 millions de dollars au titre de l’année 2016. Les importations des États-Unis sous l’AGOA s’élevaient à 43 millions de dollars en 2016, un chiffre en hausse par rapport aux 33 millions de dollars enregistrés en 2015, tandis que les exportations se chiffraient à 281 millions de dollars en 2016, en hausse des 257 millions de 2015.
Ces velléités de révision sont renforcées davantage par les efforts fournis par l’EAC afin de mettre en œuvre ladite interdiction. Le parlement tanzanien par exemple a voté en juin 2016 en faveur d’un budget dans le cadre duquel les droits à l’importation sur les vêtements d’occasion ont été doublés, passant de 0,2 à 0,4 dollar américain par kilogramme. Le même mois, le Kenya et l’Ouganda ont également annoncé la hausse des droits de douane sur les vêtements usagés, des hausses semblables à celles instituées par la Tanzanie. Le Rwanda de son côté a augmenté les droits d’entrée sur les mêmes articles, passant de 0,2 à 2,5 de dollars américains par kilogramme.
Les pétitionnaires notent que ces augmentations de droits sont si importantes qu’elles équivalent à une interdiction de fait sur les fripes, ce qui indique clairement la volonté des États membres de l’EAC d’imposer ladite interdiction.
Le président Kagame, pour sa part, a affirmé que, vu la conjoncture, le Rwanda devait choisir entre poursuivre l’importation de vêtements usés et développer l’industrie textile locale.
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