Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a accusé le 2 janvier les « ennemis » d’être à l’origine du mouvement de contestation qui secoue le pays depuis le 28 décembre. Neuf personnes ont été tuées la veille lors de violences dans plusieurs villes de la province d’Ispahan, dans le centre de l’Iran.
Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi
Le pouvoir politique tente d’apaiser la situation en Iran, secoué depuis plusieurs jours par un mouvement de contestation. Le président Hassan Rohani l’assure : son gouvernement est déterminé à « régler les problèmes de la population », et en particulier le chômage.
Mais ce 2 janvier, le pouvoir religieux via le guide suprême, Ali Khamenei, a accusé les « ennemis » de l’Iran de fomenter des troubles dans le pays à l’aide de financement, d’armes et d’agents infiltrés.
« Dans les événements de ces derniers jours, les ennemis se sont unis en utilisant leurs moyens, l’argent, des armes, la politique et leurs services de sécurités pour créer des problèmes au régime islamique », a déclaré le guide suprême iranien.
Le président Hassan Rohani a dénoncé une « petite minorité », accusée d’être à l’origine des violences en ajoutant que le peuple iranien allait répondre aux fauteurs de trouble.
Les conservateurs iraniens en sont persuadés, une main étrangère se cache derrière ces évènements. Ils accusent les « contre-révolutionnaires », les « Moudjahidine du Peuple », ces opposants basés à l’étranger, qualifiés de « Monafeghin » autrement dit d’« hypocrites ».
La République islamique d’Iran les accuse d’être financés par son principal ennemi dans la région, l’Arabie Saoudite, avec comme objectif de créer de l’instabilité et de l’insécurité dans le pays.
Plusieurs responsables politiques et militaires sont également intervenus pour affirmer que le pouvoir n’allait plus accepter les violences et aller prendre des mesures contre ceux qui tenteraient de manifester de nouveau.
Une centaine d’arrestations
Six manifestants sont morts dans des affrontements avec les forces de l’ordre alors qu’ils tentaient de prendre d’assaut un poste de police à Qahderijan. Un enfant de 11 ans a lui été tué et son père blessé par des tirs de manifestants à Khomeinyshahr alors qu’ils passaient près d’un rassemblement.
Un jeune membre des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite du régime, a par ailleurs été tué et un autre blessé par des tirs de fusil de chasse à Kahriz Sang.
Les autorités avaient en outre déjà fait état le 1er janvier au soir de la mort d’un policier, tué par des tirs d’une arme de chasse à Najafabad.Une centaine de personnes ont par ailleurs été arrêtées le même soir dans la province d’Ispahan, selon la télévision d’Etat.
Quelque 450 personnes ont été arrêtées depuis samedi à Téhéran, moins touchée que les petites villes iraniennes par le mouvement de protestation. Selon le sous-préfet de Téhéran, deux cent personnes ont été arrêtées samedi, 150 dimanche et environ une centaine lundi.
Au total, 21 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations contre les difficultés économiques et le pouvoir, qui ont débuté le 28 décembre à Machhad, deuxième ville du pays, dans le nord-est de l’Iran.