Pour la Belgique, les Congolais vont pâtir des «mesures projetées» de Kinshasa
La Belgique dit regretter l’annonce du gouvernement congolais de mettre un terme aux activités de l’agence belge de développement sur son territoire, mais également de démanteler la Maison Schengen, cette institution qui permet aux ressortissants congolais d’obtenir des visas pour 17 des pays de l’Union européenne. Des représailles pour avoir annoncé son intention, au vu de la situation politique et humanitaire qui prévaut en RDC, d’attribuer à des projets de développement ou à l’assistance humanitaire un quart de son aide autrefois gérée par les autorités. Pour la diplomatie belge, cette décision de Kinshasa va surtout pénaliser la population congolaise.
La Belgique dit prendre acte et regretter une annonce qui « risque d’empêcher l’agence belge Enabel d’opérer directement et significativement en faveur de la population congolaise ». Parmi les secteurs à laquelle cette aide était destinée, il y a l’agriculture, la santé publique et l’enseignement, sans oublier l’aide humanitaire. Le financement est à son plus bas niveau depuis dix ans.
Deuxième conséquence, selon Bruxelles : avec la fermeture de l’agence belge de développement, ce sont des centaines de travailleurs congolais qui vont se retrouver affectés. Mais la Belgique insiste sur ce point : sa décision de réorienter un quart des moyens disponibles de la coopération gouvernementale, soit 25 millions d’euros, visait à soutenir la population, notamment à travers la société civile, les universités ou institutions scientifiques.
La Belgique dit, à l’instar de ses partenaires régionaux et internationaux, souhaiter avant tout que les besoins et les droits fondamentaux de la population soient pris en compte et que l’« on aille vers des élections crédibles. »
Quant à la Maison Schengen que les autorités de Kinshasa envisagent de démanteler, il s’agit non pas d’une institution belge, mais d’une « représentation commune » de 17 pays de l’espace Schengen, 16 pays de l’UE comme la France, la Belgique ou l’Allemagne auquel s’ajoute la Norvège, tous concernés par cette décision. Une décision qui, selon Bruxelles, pourra affecter la délivrance de ces visas pour les ressortissants congolais.
Pour Kinshasa, l’aide belge « n’est pas indispensable »
Début janvier, Bruxelles décidait, au vu de la situation politique et humanitaire, de revoir sa politique d’aide à l’égard de Kinshasa. Une partie des fonds qui devait être gérée par les autorités serait finalement être versée en faveur de programmes à destination de la population, projets de développement, assistance humanitaire.
Le gouvernement congolais a répondu à la Belgique par l’annonce de mesures de rétorsion, dites « mesures projetées », selon la note du ministère des Affaires étrangères congolais. Pour Kinshasa, l’aide au développement belge n’est « ni indispensable pour les autorités congolaises ni vitale pour la vaillante population ».
L’envoyé spécial de la secrétaire générale de l’OIF pour les Grands Lacs, l’ancien président de la Confédération helvétique Pascal Couchepin, fait part de son « inquiétude », « parce qu’au fond, c’est le peuple congolais que l’on punit. » Kinshasa peut et « a naturellement le droit de protester », estime-t-il, mais ne doit pas punir la population. Pour le diplomate, il s’agit bien d’une « punition » parce que « si les Belges n’ont plus la possibilité de distribuer leur aide, qu’ils sont chassés de l’espace de « bienfaisance » congolaise, si le système Schengen n’est plus accessible, ce sont les Congolais qui sont punis, c’est ni Schengen, ni la Belgique. »
rfi