Alors que les premiers éléments de l’enquête sur l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris – vécu comme une tragédie internationale semblent privilégiés la piste accidentelle, la question de la reconstruction du bâtiment mutilé se pose déjà avec acuité.
La piste accidentelle est privilégiée à ce stade dans l’enquête sur l’incendie qui a détruit une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. « J’indique très clairement que rien en l’état ne va dans le sens d’un acte volontaire, c’est donc une piste accidentelle qui est privilégiée à ce stade », a annoncé mardi 16 avril, le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, lors d’un point presse donné à la mi-journée. Il a assuré que tous les moyens seraient mis en œuvre pour connaître l’origine de l’incendie et confirmé que les auditions des témoins étaient toujours en cours.
Douze statues monumentales rescapées
« L’ensemble du feu est éteint. La phase est désormais à l’expertise », a déclaré aux premières heures de la matinée, Gabriel Plus, le porte-parole de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, précisant que le « violent feu » s’était « propagé très rapidement à l’ensemble de la toiture sur 1 000 m2 environ ». Il s’agit à présent de surveiller les structures, leur mouvement et d’éteindre les éventuels foyers résiduels, a-t-il expliqué, indiquant qu’une partie de la voûte s’était effondrée dans la nef centrale et que 100 pompiers « sont encore engagés et le resteront toute la journée ».
Après expertise, une première satisfaction tout de même: la superstructure du bâtiment a bien résisté aux effets thermiques. Les beffrois sont sauvés. Autre élément positif, il n’y a pas eu de victimes, et les trésors de la cathédrale ont pu être mis à l’abri. « A l’intérieur, il subsiste encore bien évidemment des collections, des grands formats. Certaines ont subi les effets de l’incendie, mais pourront être restaurées. En revanche, compte tenu de la dangerosité de l’édifice à ce stade, sans que les reconnaissances ne soient terminées, nous ne sommes pas dans la capacité d’envoyer des équipes de sauvetage de ces œuvres. Qui plus est, elles sont toujours amarrées, on veille à leur sécurisation sur site», précise José Vaz de Matos, expert du patrimoine auprès du ministère de la Culture.
Vue de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 16 avril 2019.REUTERS/Gonzalo Fuentes
A l’étonnement des promeneurs venus au petit matin alors que le ciel s’éclairait au-dessus des tours, le sinistre était finalement peu visible depuis le sol de l’extérieur : la grande rosace en vitraux de la façade sud, côté Seine, est intacte. Cependant, une porte béante laisse entrevoir un amas de décombres noircis, poutres de la charpente effondrée, a constaté un journaliste de l’AFP. Ce sont les vues aériennes qui permettent de prendre la mesure des dégâts, notamment au niveau de la toiture en majeure partie détruite.
Les douze statues monumentales qui ornaient le toit de Notre-Dame ont échappé au sinistre de justesse, arrivées la semaine dernière près de Périgueux (sud-ouest) pour y être restaurées, mais le coq reliquaire du sommet de la flèche a fondu avant de pouvoir prendre le même chemin. Le « bilan matériel est dramatique » ont prévenu les pompiers : « l’ensemble de la toiture est sinistrée, l’ensemble de la charpente est détruite, une partie de la voûte s’est effondrée », a indiqué un de leurs porte-parole, et la flèche qui surplombait ce joyau gothique du haut de ses 93 mètres n’existe plus, effondrée en début de soirée sous les yeux de la foule sidérée. Le bilan humain fait état d’un blessé grave signalé dans les rangs des soldats du feu.
Difficultés d’approvisionnement en bois de chêne
Le groupe Charlois, premier producteur français de bois de chêne, fera un don en nature pour la reconstruction de la charpente incendiée de Notre-Dame. Son dirigeant se dit « inquiet des disponibilités de bois » pour reconstruire la cathédrale. « Au delà du don, je m’inquiète des disponibilités de bois qui permettront de refaire cette charpente », a déclaré mardi à l’AFP Sylvain Charlois joint par téléphone, jugeant qu’il « n’y a pas en France de stocks de bois déjà sciés disponibles pour un tel chantier ». Selon lui, il a fallu 1 300 chênes pour construire la charpente il y a huit siècles, ce qui équivaut à « au moins 3.000 mètres cubes de bois ».
(avec AFP)